Pas une seule seconde de la 63e édition du festival de Cannes ne devrait échapper à quelque soixante-dix télévisions africaines au moment où l’Afrique fait un retour remarquable dans la compétition avec deux films, Hors la loi du franco-algérien Rachid Bouchareb et Un homme qui crie du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun. Dans le cadre de ses actions de formation, Canal France International (CFI), partenaire du développement des médias du Sud et du pavillon « Les Cinémas du monde » de Culturesfrance, permet à trois chaînes du continent d’assurer la couverture du prestigieux festival.
Cannes devient le cœur du cinéma international à compter de ce mercredi et ce jusqu’au 23 mai prochain. Et cette année, plusieurs milliers de téléspectateurs africains seront aux premières loges pour en percevoir le moindre battement grâce à trois équipes de télévision. Opérateur de l’aide au développement de l’audiovisuel public français, Canal France International (CFI) a convié trois télévisions publiques africaines – la RTB du Burkina Faso, l’ERTU de l’Egypte et la RTS du Sénégal – à couvrir la 63e édition du festival de Cannes dans le cadre de ses activités de formation. CFI est également partenaire du pavillon « Les Cinémas du Monde » de Culturesfrance, promoteur français des échanges culturels internationaux, dont l’objectif est de donner une visibilité, entre autres, à la cinématographie africaine. « Nous avons choisi Cannes, explique Laurent Allary, chargé de mission auprès du directeur général de CFI, Etienne Fiatte, parce que c’est l’un des évènements internationaux les plus importants et de ce fait l’un des plus difficiles à couvrir. C’est un festival qui s’étend sur près de 15 jours, qui exige une couverture différente de celle d’un évènement qui se déroule sur une journée comme les César ou les Oscar. L’exercice suppose pour les journalistes de trouver des angles variés pour réaliser des sujets qui vont intéresser chaque jour leur public ».
Des téléspectateurs africains qui s’intéressent « comme tout le monde à la dimension « people » » de l’évènement, souligne Laurent Allary. Par ailleurs, des films sont achetés tous les ans pour les télévisions africaines, sont vus sur grand écran par les Africains, et il est « injuste », estime-t-il, que ces derniers n’aient pas l’occasion de suivre tout ce qui se fait en amont. Et quand bien même la production africaine est insuffisante pour permettre à des films du continent d’être régulièrement présents à Cannes, « d’importants films africains ont contribué à l’histoire du festival » et il est donc « normal » que les journalistes africains puissent couvrir le festival, « non pas sur des strapontins », mais dans les mêmes conditions que leurs collègues du monde entier.
Trois films africains au festival de Cannes
Les journalistes qui participent à cette session de formation sont des jeunes professionnels, spécialistes de la culture, à qui CFI souhaite «tendre la perche » afin qu’ils fassent profiter leur rédaction de l’expérience acquise. En mutualisant leurs ressources, une démarche qui fait partie intégrante de l’apprentissage, ils produiront des programmes mis à la disposition de 70 chaînes de télévision d’Afrique sub-saharienne. Celles qui reçoivent le «monitoring de CFI», mis en images par l’Agence internationale d’images de télévison (AITV, une filiale de RFO), soit « 20 minutes d’informations internationales et africaines qui sont envoyées aux télévisons en français et en anglais », précise Laurent Allary. Elles peuvent en disposer comme elles le souhaitent. « De temps en temps, nous rajoutons des sujets au monitoring et ce sera le cas des sujets réalisés à Cannes. Sur les 70 chaînes, il n’y en a pas une qui rate le monitoring. C’est une source d’informations majeure pour les chaînes africaines. », affirme Laurent Allary.
Aux côtés de Culturesfrance, CFI, « qui consacre un million d’euros à l’achat de programmes africains pour les redistribuer à ses télévisions partenaires du continent», se fera l’écho du Septième art africain en Afrique. Le Pavillon « Les Cinémas du Monde », parrainé par l’actrice et réalisatrice française Sandrine Bonnaire et le réalisateur cambodgien Rithy Panh, accueillera « une délégation à majorité africaine », note Elodie Ferrer, coordinatrice du pavillon. Les réalisateurs et producteurs Abraham Haile Biru (Ethiopie), Sani Magori (Niger), Djo Tunda Wa Munga (République Démocratique du Congo) et les réalisateurs Wanuri Kahiu (Kenya), João Ribeiro, (Mozambique) et Gentille Asih (Togo) seront présents.« Les pays représentés ont été jusqu’ici très peu accueillis sur le pavillon. C’est un nouvel angle d’attaque. Nous allons également recevoir de jeunes talents comme la réalisatrice Wanuri Kahiu et Abraham Haile Biru. Côté africain, résume Elodie Ferrer, « le pavillon sera l’hôte de nouveaux pays et de profils jeunes et engagés ». Peut-être les dignes héritiers du Franco-algérien Rachid Bouchareb et du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun. Les réalisateurs respectifs de Hors la loi et d’Un homme qui crie, qui sont en compétition officielle, redorent par leur présence, à l’instar de Life, above all du sud-africain Olivier Schmitz sélectionné dans « Un certain regard », le blason du cinéma africain sur la scène internationale.
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