La vingtième édition du festival panafricain du film et de la télévision de Ouagadougou, qui s’est tenu du 24 février au 3 mars, a rendu hommage au cinéma d’engagement. Primé pour l’étalon d’or de Yennenga, la plus haute distinction, Ezra, l’œuvre du nigérian Newton Aduaka a remporté l’adhésion du jury et des festivaliers…
Par notre envoyée spéciale à Ouagadougou
C’était l’effervescence au stade du 4 Aôut, pour la proclamation des résultats de l’étalon d’or du Yennega, après une semaine entière passée à visionner les films en compétition, sans oublier les courts métrages, les longs métrages et les fictions TV et vidéos. C’est Blaise Compaoré, le président du Faso, qui a remis le trophée, une statuette représentant un cheval d’or, à Newton Aduaka, le réalisateur nigérian d’Ezra, un film évoquant la guerre civile de Sierra Léone, devant Jean Pierre Bekolo, du Cameroun, récipiendaire de l’étalon d ‘argent pour Les saignantes et Daratt du tchadien Mahamat Saleh Haroun, pour l’étalon de bronze. Trois films majeurs qui se sont ainsi vus récompensés pour leur qualité technique, scripturale et le message fort qu’ils véhiculent. En plus du trophée, le lauréat 2007 du Fespaco a obtenu, une enveloppe de 10 millions de francs CFA…
Ezra, c’est l’histoire d’un ex-enfant soldat qui doit faire face à ses souvenirs et rendre des comptes à une commission Vérité et Réconciliation. Cette rédemption s’opère en présence de sa sœur qui l’accuse de la mort de leurs parents… Avec des flash-back inspirés du processus d’enrôlement des enfants soldats de Sierra Léone, le film ouvre une fenêtre sur le dialogue et la psychologie de l’être humain qui ne souvient plus du mal qu’il a fait… Newton Aduaka, très heureux d’avoir obtenu l’étalon d’or de Yennenga, a dédié cette victoire à tous les enfants victimes de la guerre… Il a également fait part de son souhait de ne plus voir ce genre de conflits se reproduire, quant lui-même a fui la guerre civile du Biafra dans les années 70… Plus tard, titulaire d’un diplôme de la London International film School, il réalisera Rage, son premier long métrage, auréolé de nombreux prix…
Encourager la jeunesse vers le cinéma…
La veille du palmarès au siège du Siao, les prix spéciaux ont récompensé une trentaine de films, notamment le prix spécial des Nations Unies pour les Droits de la femme, attribué à Djanta du burkinabè Tahirou Tassirou Ouedraogo, celui des Droits de l’enfant pour Un matin bonheur du guinéen Gaité Fofana ou encore le prix Sembène Ousmane et CDEAO Intégration pour Africa Paradis du béninois Sylvestre Amoussou. Les récompenses ont ainsi plu sur une grande partie des films en compétition afin d’encourager la jeunesse vers le cinéma, selon les termes du parrain d’honneur de l’évènement, le musicien Manu Dibango.
En amont du festival, le grand prix CFI-RFO du documentaire pour sa deuxième édition, a récompensé, la béninoise Chantal Mariette Mêlé, pour son œuvre Un trésor dans la poubelle parmi quatre autres présélectionnées le 16 février dernier par un jury de personnalités et de journalistes. Une initiative en direction des chaînes publiques et privées d’Afrique francophone. Le documentaire primé sera diffusé sur RFO, assorti d’une caméra professionnelle offerte au lauréat…
Dans la joie et un brin de nostalgie dans l’air, le Fespaco s’est clôturé le 3 mars, au stade du 4 Août, après avoir accueilli réalisateurs, cinéastes et visiteurs du monde entier. Siège de la plus grande rencontre du cinéma africain, Ouagadougou, qui a connu une agitation incroyable en huit jours, peut à présent souffler et recouvrer ses vieilles habitudes, tandis que l’affiche bleue ciel, porteuse d’avenir et de diversité culturelle pour le cinéma africain, restera collée aux murs de la ville, un bon moment encore…
Compétition Long métrage :
Prix spécial Oumarou Ganda Barakat, Djamila Sahraoui, Algérie Prix RFI cinéma du public Il va pleuvoir sur Conakry, de Cheikh Fantamady, Guinée Prix de la meilleure interprétation féminine, Adèle Ado et Calmel Dorelia, Les Saignantes de Jean Pierre Bekolo, Cameroun Prix du meilleur décor : Africa Paradis, Sylvestre Amoussou, Bénin Prix du meilleur scénario et de la meilleure musique : Barakat, Djamila Sarhaoui, Algérie Poulain d’or: Menged, Daniel Taye Workou, Ethiopie Poulain d’argent : Kif Lokhrim, Mohamed Ben Attia, Tunisie Poulain de bronze : R’DA, Mohamed A.Bensouda, Maroc Prix du meilleur documentaire Fespaco : El Ejido, la loi du profit, Rhalib Jawad, Maroc. Prix spécial du jury Fiction : Confidences de Cyril Masso, Cameroun Prix spécial du jury série ou Sitcom, Ina Valérie Kaboré, Burkina Faso… Grand prix de Série et sitcom Quand les éléphants se battent Abdoulaye Dao, Burkina Faso Grand prix de la TV-Vidéo, meilleure œuvre de fiction, Frères Kadogo, Joseph Muganga du Rwanda |
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