Le duel Royal-Sarkozy aux Antilles-Guyane


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Antoine Karam, Président du Conseil régional de la Guyane et membre du Parti socialiste guyanais (PSG), soutient la candidate Ségolène Royal à l’élection présidentielle française. Mais c’est Nicolas Sarkozy qui est arrivé nettement en tête au premier tour dans son départment ainsi qu’en Guadeloupe. Le second tour s’annonce difficile. Il livre son analyse à Afrik.com.

Nicolas Sarkozy a fait une percée dans deux des trois départements français d’Amérique lors du permier tour des élections présidentielles. En Martinique, Ségolène Royal a remporté 48,5% des voix contre 33,8% au candidat UMP. Tandis qu’en Guadeloupe, Nicolas Sarkozy a obtenu 42,63% des voix contre 38,3% pour la candidate PS et, en Guyane, 41,3% contre 32,5%. Antoine Karam, président du Conseil régional de la Guyane, analyse pour Afrik.com ces résultats et présente son point de vue sur l’échéance du 6 mai.

Afrik.com : Ségolène Royal pourrait-elle, selon vous, combler son retard et gagner les élections présidentielles ? D’autre part, qu’ont fait les socialistes guyanais, dans l’entre deux tours, pour qu’elle remonte dans l’estime des électeurs du département ?

Antoine Karam :
Les démocrates, les progressistes, les partis ayant des valeurs à défendre se sont retrouvés au soir du 1er tour. Une stratégie d’explications de travail de terrain auprès du peuple Guyanais a été mise en place. Nous espérons fortement qu’au soir du deuxième tour inverser la tendance du premier tour des présidentielles ou au moins l’alterner. Nous appelons sincèrement à voter pour la candidate du Parti Socialiste Ségolène Royal avec qui nous partageons des valeurs communes.

Afrik.com : La Guyane est un bastion du Parti Socialiste. Comment expliquez-vous la large avance du candidat UMP, Nicolas Sarkozy, au premier tour ?

Antoine Karam :
« La large avance du candidat UMP », ces mots contenus dans votre question ne correspondent pas à la réalité du premier tour des élections présidentielles de 2007. Voici les chiffres :

+ Inscrits : 62 526

+ Votants : 36 743 soit 58,76 % de taux de participation

+ Nicolas Sarkozy : 14 650 V

+ Ségolène Royal : 11 526 V

Soit seulement 3 124 voix de différence. En faisant une analyse commune par commune, il y a une différence en faveur de l’UMP sur Cayenne de 1 017 votants sur 18 922 votants, sur Rémire-Montjoly de 540 votants sur 8 311 inscrits, sur Kourou de 223 votants sur 7 133 inscrits et sur Matoury de 335 voix sur 7 665 inscrits. Cela relativise votre question. Il convient de noter aussi que l’écart à Saint-Laurent est très faible. Nicolas Sarkozy: 1 149 votants, Ségolène Royal 945 votants soit un écart de 204 votants sur 4 974 dans la commune du Patron de l’UMP Guyane, par ailleurs le Ministre du Tourisme au sein du gouvernement de Dominique de Villepin et de Nicolas Sarkozy. Nous sommes donc très loin de « la large avance », terme contenu dans votre question. Au-delà de cette analyse de chiffres, il convient de dire que la Guyane subit de plein fouet les trois phénomènes suivants : 1 – Une immigration clandestine non jugulée depuis 5 années avec un Ministre de l’intérieur qui avait tous les pouvoirs. 2 – Une insécurité grandissante. 3 – Un pillage de ressources aurifères. Les Guyanais ont été bluffés par un discours qui a tout promis alors que la pratique démontre bien que le gouvernement de droite n’a rien fait pendant 5 ans, ou si peu.

Afrik.com : Pensez-vous que la Guadeloupe ait voté majoritairement UMP pour les mêmes raisons que la Guyane ? L’on avance souvent la question de l’immigration…

Antoine Karam :
Nous avons eu des contacts avec nos amis guadeloupéens. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les discours démagogiques, populistes, qui promettent tout et n’importe quoi ont fait mouche.

Afrik.com : Dans l’Outre-mer français, en dehors de la répression et des reconduites aux frontières, quelles dispositions faudrait-il prendre, de votre point de vue, pour résoudre les problèmes liés à l’immigration ?

Antoine Karam :
Nous avons, nous socialistes Guyanais, des valeurs que nous défendons. Nous défendons des idées profondément imprégnées d’humanisme, de solidarité, de fraternité, d’égalité et de respect pour tous les peuples du monde. Il n’y a pas de petits et de grands peuples, mais il y a des peuples qui acceptent l’assujettissement, et des peuples qui se battent dans et pour leur dignité. Il n’existe pas de petites et des grandes nations mais il y a des nations qui entretiennent des rapports de dominants à dominés avec d’autres des nations, qui exploitent les ressources naturelles et intellectuelles d’autres nations. Il faut reconnaître que dans notre zone des peuples ont faim. Les océans, les frontières ne peuvent en aucune façon arrêter des ventres qui crient famine, des peuples qui viennent chercher une part de bonheur dans ce qui est a tort considéré comme des îlot de prospérité. Les solutions ne sont pas dans la répression mais bien : dans le co-développement qui doit permettre aux autres peuples de se fixer chez eux par ce que les conditions sont équivalentes des deux côtes d’une frontière, dans le développement d’une véritable coopération régionale ou les élus de nos pays respectifs, auront leur mot à dire au lieu que les décisions d’importance se prennent à 8.000 Km de chez nous, dans une évolution statutaire qui permettrait aux femmes et aux hommes de Guyane de prendre les bonnes décisions en fonction des attentes légitimes du peuple Guyanais.

Afrik.com : En 2002, Christiane Taubira avait fait d’excellents scores en Guyane et en Guadeloupe. Cette année, elle a rallié Ségolène Royal. Mais cette alliance n’a manifestement par permis à la candidate socialiste de virer en tête. Comment analysez-vous ce résultat ?

Antoine Karam :
Effectivement Christiane Taubira a fait d’excellents scores en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe. Sa notoriété est incontestable. Mais depuis 2002, malgré nos différentes relances, le gouvernement ne nous a pas entendu. Nos conditions se sont dégradés et nous obtenons des résultats qui sont la résultante de nos réalités. Je voudrai quand même dire qu’il n’y a pas de déferlantes Sarkozy à la Martinique, à la Guadeloupe et en Guyane. En Martinique, Ségolène Royal distance Nicolas Sarkozy de 23 441 voix en Guyane Nicolas Sarkozy distance Ségolène Royal de 3 124 voix et en Guadeloupe de 7 307 voix.

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Journaliste, écrivain, dramaturge scénariste et réalisateur guadeloupéen. Franck SALIN fut plusieurs années le rédacteur en chef d'Afrik.com
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