Le drame du pain magique à Casablanca relance la question de la sécurité alimentaire au Maroc


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Casablanca
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Une nouvelle vague d’intoxications alimentaires à Casablanca, liée à la consommation d’un sandwich appelé « pain magique », met en lumière les failles persistantes dans la sécurité alimentaire au Maroc. Cet incident s’inscrit dans une série de drames sanitaires récents, révélant les défis auxquels le pays est confronté pour réguler sa chaîne alimentaire, en particulier dans les quartiers populaires. 

Le Maroc fait à nouveau face à une tragédie sanitaire liée à la consommation de produits alimentaires à bas coût. Dans la nuit de mercredi à jeudi, les urgences de l’hôpital Ben M’sik à Casablanca ont été submergées par un afflux inhabituel de patients, tous victimes d’une grave intoxication alimentaire. En cause, le « pain magique », un sandwich populaire vendu à un prix dérisoire dans certains quartiers de la ville. Ce nouveau drame vient rappeler les risques posés par une chaîne alimentaire de plus en plus défaillante, surtout dans les quartiers populaires des grandes villes du Maroc.

Une nuit d’angoisse à Casablanca

Le « pain magique », vendu à partir de 6 dirhams et composé principalement de pommes de terre et d’œufs, est un sandwich particulièrement prisé dans les quartiers populaires de Casablanca. Toutefois, après avoir consommé cette préparation dans un snack du quartier Sbata, des dizaines de personnes ont été hospitalisées, souffrant de diarrhée, de fièvre, de nausées et de maux de ventre. Certaines d’entre elles se sont rapidement rétablies, tandis que d’autres ont dû être prises en charge par les services hospitaliers. Heureusement, aucune n’a été placée en soins intensifs, contrairement aux rumeurs qui circulaient dans la ville.

Les autorités, notamment la police scientifique, ont immédiatement ouvert une enquête pour identifier les causes exactes de cette intoxication. La vente de ce « pain magique » à bas coût à vite été le dénominateur commun. Mais cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de faiblesses sanitaires dans les circuits de distribution alimentaire informels, en plein essor dans les grandes villes marocaines.

Une série noire d’intoxications

En effet, cette nouvelle tragédie n’est malheureusement pas un cas isolé. Il y a quelques semaines, un drame similaire a frappé la commune de Sidi Allal Tazi, dans la province de Kénitra, où 16 personnes sont mortes et plus d’une centaine ont été hospitalisées après avoir consommé de l’alcool frelaté contenant du méthanol, un produit hautement toxique. Cet événement tragique faisait suite à une intoxication à Marrakech, où la consommation d’œufs avariés a coûté la vie à six personnes, dont plusieurs enfants.

Ces drames successifs révèlent des failles systémiques dans la régulation de la chaîne de consommation au Maroc, tant pour les aliments que pour les boissons. Le phénomène des snacks ambulants, utilisant souvent des produits de provenance douteuse, est en pleine expansion dans les centres urbains, augmentant ainsi le risque d’intoxications alimentaires. Quant au trafic d’alcool frelaté, il constitue une véritable plaie pour les autorités, malgré des efforts de contrôle et de sensibilisation.

Une chaîne alimentaire défaillante

Ces incidents sont les symptômes d’un problème plus profond : la sécurité alimentaire au Maroc reste largement insuffisante, en particulier pour les populations vulnérables vivant dans les quartiers populaires. La prolifération de commerces informels, où les contrôles sanitaires sont souvent inexistants, met en danger des milliers de consommateurs chaque jour. Les intoxications alimentaires se multiplient, comme le montre le cas de Casablanca avec le « pain magique », qui reflète la nécessité urgente d’agir.

Le rôle de la police administrative et des services sanitaires devient crucial pour garantir la qualité des produits consommés par le public. Toutefois, malgré les annonces régulières de renforcement des contrôles par l’Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), les récents événements démontrent que les mesures actuelles restent insuffisantes pour prévenir ce type de drame.

L’urgence d’agir

Les drames récents mettent en lumière l’urgence de renforcer les contrôles sur la chaîne alimentaire au Maroc. Qu’il s’agisse de snacks ambulants, de commerces informels ou de la prolifération d’aliments et de boissons frelatés, la santé publique est en jeu. Le renforcement des contrôles sanitaires, une meilleure traçabilité des produits, ainsi qu’une sensibilisation accrue des consommateurs sur les dangers liés à la consommation de produits non réglementés sont des priorités absolues.

Ces incidents répétés de sécurité alimentaire ont également un impact potentiel significatif sur le secteur touristique, un pilier important de l’économie marocaine. La réputation d’un pays en matière de sécurité alimentaire joue un rôle crucial dans les choix de destination des voyageurs. Les rapports d’intoxications alimentaires largement médiatisés peuvent dissuader les touristes potentiels, entraînant des annulations de réservations et une baisse générale de la fréquentation touristique.

Un danger pour le tourisme

Cette situation pourrait avoir des répercussions économiques importantes, affectant non seulement les grands hôtels et restaurants, mais aussi les petits commerçants et artisans qui dépendent du tourisme pour leur subsistance. Par conséquent, améliorer la sécurité alimentaire n’est pas seulement une question de santé publique, mais aussi un impératif économique pour préserver l’attrait touristique du Maroc et soutenir les nombreux emplois qui en dépendent.

Les tragédies du « pain magique » à Casablanca, de l’alcool frelaté à Sidi Allal Tazi, et des œufs avariés à Marrakech, montrent que des réformes profondes sont nécessaires. Le Maroc ne peut plus se permettre de tolérer une chaîne alimentaire défaillante qui coûte des vies humaines. Il est temps de mettre en place des mesures durables pour protéger la population, notamment les plus vulnérables, face aux dangers alimentaires qui continuent de sévir dans le pays.

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