Le microcrédit, et plus généralement la microfinance, s’est imposé comme un levier incontournable du développement communautaire. La firme canadienne Desjardins Développement International est l’un des acteurs de ce secteur. Survol des activités d’un vétéran.
Depuis plus d’une dizaine d’années, la microfinance s’est imposée comme l’une, si ce n’est, la meilleure alternative financière pour permettre aux plus pauvres, notamment ceux des pays du Sud, d’accéder au capital. Plusieurs établissements financiers dans le monde ont fait le choix de cet outil de développement. Desjardins Développement International (DDI) est l’un de ceux-ci et se distingue par une philosophie qui se fonde sur deux concepts clés : épargne et réseau local. D’ailleurs, l’entreprise canadienne ne parle pas de microfinance mais de finance communautaire. Créée en 1970, Desjardins Développement International (DID) est spécialisée dans la mise en place de réseaux de coopératives d’épargne et de crédit auprès des « populations les moins nanties » des pays en voie de développement ou émergents.
Epargne et réseau local : les clés du succès
L’entreprise est présente dans une douzaine de pays africains. Au Burkina Faso, où elle est implantée depuis une trentaine d’années, elle est associée au Réseau des caisses populaires du Burkina Faso (RCPB). C’est l’une des nombreuses particularités de l’établissement qui s’appuie sur les réseaux et les investisseurs locaux. DDI est aussi présente au Mali, au Cameroun, en Tanzanie, à Madagascar, au Bénin… « Nous faisons de la finance de proximité », explique Anne Gaboury, présidente-directrice générale de DDI. Fondé sur un principe coopératif, l’existence des caisses mutualistes mises en place est liée à la capacité des adhérents à générer de l’épargne. « Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il y a beaucoup d’épargne dans les milieux pauvres », souligne-t-elle. L’épargne est, en effet, au cœur du dispositif financier de la firme.
Elle nourrit en grande partie des caisses souvent virtuelles pour ses membres qui détiennent des parts sociales. C’est, en effet, souvent un agent qui, chaque semaine, passera dans un village collecter les dépôts qui seront redistribués sous forme de crédits d’une valeur comprise entre 3 et 30 millions de F CFA. Cette forte mobilisation de l’épargne, exige pour Anne Gaboury, une supervision et la mise en place d’un cadre réglementaire local. Un avis que partage l’ensemble des opérateurs de la microfinance. Le système a fait ses preuves en matière de développement et la bancarisation en est souvent le premier impact. « C’est par ce biais que nombre de personnes ont accès à leur premier compte bancaire », explique Anne Gaboury. Développer de nouvelles offres notamment dans le domaine de l’assurance (un besoin qui s’exprime de plus en plus), s’adresser à un nouveau type de clientèle comme les entrepreneurs sont les nouveaux chantiers de la firme canadienne. La DDI, qui est une filiale du Mouvement Desjardins, sixième plus important groupe financier canadien, bénéficie de l’appui de l’Agence canadienne pour le développement international (ACDI) et d’autres bailleurs de fonds comme la Banque Mondiale.