Malgré la pléthore des mesures prises pour sécuriser les frais d’examen, les responsables des établissements scolaires primaires et secondaires, ne cessent de développer des stratégies, afin de contourner ces mesures mises en place. Cette année encore, des détournements de frais d’examen ont été signalés dans certains centres et l’une des principales raisons est la pauvreté déjà si dramatique qui a cédé la place à la misère.
L’école camerounaise va mal. Et cela se ressent à divers niveaux des enseignements. On observe par exemple qu’au niveau primaire, 47% seulement des enseignants sont officiellement qualifiés, et les enseignants formés disponibles travaillent le plus souvent dans les villes ou dans le sud du pays. Il n’y a presque pas eu de recrutement d’enseignants fonctionnaires au niveau primaire depuis environ une décennie.
Le corps enseignant est de plus en plus composé de contractuels rémunérés soit sur la rubrique « équipement » du budget du ministère de l’Education, soit directement par les parents. Les conditions de travail et de rémunération sont fortement contestées par leurs syndicats et semblent constituer un handicap sérieux à leur motivation et leur assiduité. Une étude récente du temps d’apprentissage dans les écoles a montré que du fait de l’absentéisme des enseignants, les élèves reçoivent en moyenne les deux tiers de l’instruction qu’ils sont supposés recevoir.
Suite aux nombreuses dérives (fausse déclaration des effectifs, détournement de fonds, faux bilans statistiques, etc) observées dans la gestion comptable et financière des établissements scolaires par certains chefs d’établissements, ceci en violation des dispositions, le ministre des Enseignements secondaires (MINESEC), Nalova Lyonga, a publié en date du 28 août 2018, un communiqué radio-presse rendant effective l’opération de paiement électronique des contributions exigibles (autrement appelées frais de scolarité) et frais d’examen pour le compte de l’année scolaire 2018-2019.
Le MINESEC matérialisait ainsi les conventions signées le 1er juin 2018 avec quatre entreprises (Orange Cameroun, MTN Cameroun, Express Union et Campost). Ces conventions portaient sur la concession de la collecte et de la comptabilisation des contributions exigibles et des frais d’examen. Ainsi, pour toutes les données enregistrées par rapport au paiement des frais par un élève, la transaction peut se faire d’un compte à un autre si le parent est en possession d’un compte. Des équipes seront mises en place au sein de ces opérateurs pour permettre une bonne gestion et coordination des opérations.
L’objectif recherché à travers la mise en place de ce système digital était d’assurer une traçabilité et une plus grande visibilité dans les procédures liées aux frais d’examen. La plupart des parents d’élèves estimaient que le recours au digital allait permettre de régler le problème de détournement des frais d’examen devenu récurrent.
Au moment où on croyait finies les longues files d’attente devant les intendances au sein des établissements publics ; finies également les détournements des frais d’examens souvent survenus dans les établissements publics et privés, force est de constater que toutes ces dérives qui, non seulement, impactent de façon négative le fonctionnement desdits établissements, mais aussi ternissent l’image de marque du système éducatif camerounais, persistent dans l’enseignement au Cameroun. Et le scandale est que certains responsables d’établissements scolaires s’y plaisent.