Le 15 décembre prochain, Madagascar organise les premières élections de l’ère Ravalomanana. Des législatives qui sont un test démocratique grandeur nature pour le tout nouveau Conseil national des élections (CNE), chargé de régir ce scrutin. Mais déjà des voix s’élèvent pour contester le déroulement de la campagne.
Malgré une dizaine d’années de multipartisme, Madagascar a encore du mal à se faire au débat démocratique. A 12 jours des premières élections législatives organisées par le gouvernement du président Marc Ravalomanana, des voix discordantes se font entendre et les contestations fusent. La séance d’informations initiée par le CNE (Conseil national des élections) et le ministère de l’Intérieur à l’intention des candidats sur les différentes dispositions légales et réglementaires en vigueur s’est transformée en bras de fer entre les deux parties. Elle a révélé au grand jour les insuffisances de la loi électorale et l’incapacité de l’équipe du président malgache à assurer une totale transparence de ces élections.
La répartition du temps d’antenne pose problème
Appelé à s’exprimer sur les compétences du CNE, son président Théodore Randrezason est apparu bien évasif. Il a bien rappelé que le CNE est habilité à délivrer des agréments aux observateurs nationaux ou internationaux qui lui en font la demande et à ester en justice pour les éventuelles plaintes dont il est saisi. En revanche, Théodore Randrezason a très peu disserté sur la répartition du temps d’antenne sur les ondes publiques dans le cadre de la tranche gratuite de 30 secondes. Un sujet pourtant très sensible depuis le début officiel de la campagne…
Les candidats investis sous la bannière Tim (Tiako i Madagasikara), le parti du président Marc Ravalomanana, disposeraient de plus de temps d’antenne par rapport aux autres. Dans certaines circonscriptions, il est même rapporté que plusieurs candidats du Tim reprendraient à leur compte les emblèmes (les tee-shirts) et « l’hymne à la victoire » (le fameux » hiram-pandresena « ) qui a fait la renommée du candidat Marc Ravalomanana aux présidentielles du 16 décembre 2001. Ce qui est interdit par la loi régissant les élections législatives.
Des urnes transparentes avant le 5 décembre
En marge de ces contestations, le ministère de l’Intérieur poursuit l’opération d’acheminement des kits électoraux vers les chefs lieux de provinces. Tous les bureaux de vote seront dotés de leur urne transparente avant la date butoir du 5 décembre. Sur instruction du président Ravalomanana, le « Repoblikan’i Madagasikara » (l’avion présidentiel) et des appareils d’Air Madagascar -pour les aéroports à pistes courtes- acheminent le matériel électoral vers les grandes métropoles.
Sur le terrain, quatre jours après l’ouverture officielle de la campagne électorale, ce n’est pas la grande effervescence. Des panneaux réservés aux candidats restent encore vides dans plusieurs endroits, notamment dans la capitale. Certains états-majors rechignent encore à aller à la rencontre des électeurs. Les derniers jours de campagne risquent de paraître bien courts pour tout le monde.