La visite, hier à Nairobi du Dr. Clive James, président de l’ONG Agri-biotech, nous donne l’occasion de revenir sur les termes du débat lié à l’utilisation des organismes génétiquement modifiés sur le Continent.
Le Dr. Clive James, président de l’ONG américaine Agri-biotech – dont le but est le transfert des biotechnologies dans les pays pauvres afin d’y combattre la pauvreté et la malnutrition -, a tenu hier un discours alarmant, dans le cadre d’une visite à Nairobi. Rappelant que 840 millions de personnes étaient directement confrontées à la faim dans les pays en développement, le Dr. James a estimé que seules les biotechnologies permettraient, si elles étaient bien utilisées, résoudre le défi alimentaire qui était posé à la planète.
Il a notamment déclaré à l’agence PANA que » la même terre peut, avec les organismes génétiquement modifiés (OGM) avoir un rendement double, sans que l’on utilise pour cela de dangereux engrais « . La flamme progressiste du Dr. Clive James est efficace. Cette année, elle a déjà convaincu le Sénat américain de consacrer 30 millions de dollars au développement des OGM dans les pays pauvres.
Arguments bons et mauvais
Il reste que l’investissement dans les biotechnologies agronomiques est, pour l’essentiel, le fait d’entreprises privées, qui poursuivent une rentabilité immédiate et vont chercher l’argent là où il se trouve : en Europe et aux Etats-Unis… mais pas en Afrique, ou alors pour y amortir les nouvelles semences. Cet aspect mercantile, s’agissant de la sécurité alimentaire, est pour beaucoup dans la mauvaise réputation de ces sociétés. C’est pourquoi Monsanto, le plus important de ces groupes géants, mène parmi d’autres une offensive de communication en Afrique. Ses arguments sont parfois discutables – les graines incluant une protection insecticide évitent aux paysans de mettre en oeuvre eux-mêmes des produits qu’ils maîtriseraient mal -, parfois convaincants – les OGM libèrent les femmes de la tâche harassante du désherbage.
Reste la question, très grave, de la réglementation de sécurité quant à l’évaluation du risque OGM. Les règles existent formellement, et la communauté internationale a même aidé l’Afrique à financer leur mise en place. Mais qu’en est-il du respect de ces règles, dans des pays où la police sanitaire dispose de moyens très faibles ?
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