Ce n’est plus une supposition. Selon une information rapportée mardi par le centre américain de surveillance des sites islamistes (SITE), Al-Qaïda au Maghreb islamique est bel et bien à l’origine de l’attentat suicide du 8 août contre l’ambassade de France à Nouakchott, en Mauritanie. Cette nouvelle vient confirmer la radicalisation du groupe terroriste dans le pays.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) tisse sa toile en Afrique de l’Ouest. Le groupe a revendiqué l’attaque-suicide du 8 août dernier contre l’ambassade de France à Nouakchott, en Mauritanie, a rapporté mardi le centre américain de surveillance des sites islamistes, le SITE. Face à ce qu’elle a qualifié de « métastase étrangère », la ministre mauritanienne des affaires étrangères Naha Mint Hamdi Ould Mouknass, s’est voulu rassurante et a exposé son plan d’action. « Il faut poser une stratégie douce qui se matérialise par la lutte contre la pauvreté et l’ignorance, et il faut aussi lutter de manière efficace et un peu plus violente. C’est une méthode dure, difficile, mais certainement les jours à venir vont nous prouver qu’elle est efficace », a-t-elle déclaré mercredi, dans une interview à la chaîne d’information France 24.
Ancien fief des terroristes, le pays a fait le choix de combattre le terrorisme, en élisant en juillet dernier, le général putschiste Mohammed Ould Abdel Aziz. Soutenu par la France, celui-ci a promis de lutter activement contre l’implantation de la nébuleuse Al-Qaïda en Mauritanie. Un pays où le chômage atteignait les 32,5% en 2008, et où de plus en plus de jeunes mauritaniens désœuvrés trouvent refuge dans les discours de certains prédicateurs radicaux.
Le recrutement des kamikazes
« La plupart de ceux qui sont mêlés à cette activité sont les fils de familles appartenant à une classe sociale moyenne. En général des jeunes qui ont raté le cursus scolaire normal et qui ont trouvé dans la fréquentation des mosquées un exécutoire. C’est là qu’ils sont recrutés après avoir subi un matraquage autour de l’obligation d’offrir sa vie à la cause », explique un journaliste dans un éditorial de l’hebdomadaire mauritanien La Tribune, datée du 11 août dernier.
Abu Obeida Musa al-Basri, l’auteur de l’attentat en Mauritanie, fait partie de ces jeunes mauritaniens enrôlés par les salafistes. Sur le SITE, une photo prise en plein désert le montre en habit traditionnel brandissant une arme. Né en 1970 dans une modeste famille de quatre enfants selon La Tribune, il avait raté trois fois le baccalauréat et le concours de la gendarmerie, avant de fréquenter avec assiduité les mosquées de Nouakchott. Depuis un an, il avait rejoint l’Aqmi et exprimé son désir d’être « martyr ».
Le 8 août dernier, Abu Obeida Musa al-Basri a péri dans l’attaque, qui a blessé légèrement trois personnes dont deux ressortissants français, au nom du jihad. Un attentat-suicide qui représente pour l’Aqmi « une riposte aux agressions des “Croisés », notamment la France et les dirigeants mauritaniens, contre l’islam et les musulmans » .
Le nom du kamikaze s’ajoute ainsi, à la liste de terroristes islamistes ayant perpétré des attentats dans le pays. Car depuis deux ans, la Mauritanie est la cible de la branche maghrébine d’Al-Qaïda. Après l’assassinat de quatre touristes français fin 2007, c’était au tour d’un Américain de se faire tuer en plein jour à Nouakchott le 23 juin dernier. Ces attaques risquent de s’intensifier. En effet, selon un diplomate occidental interrogé le 11 août denier par RFI, les jeunes jihadistes, traqués par le Mali où ils auraient leurs camps, seraient de plus en plus nombreux à rejoindre la Mauritanie.