Le cours du Dalasi, la monnaie gambienne, s’est brutalement effondré cet été. Alors que les Gambiens tentent par tous les moyens de se procurer des devises étrangères, les autorités cherchent à juguler l’inflation. Sans succès.
Vent de panique sur l’économie gambienne. Prévenu de la chute brutale du cours du Dalasi, le président Yayah Jammeh aurait été contraint de revenir prématurément de vacances. La monnaie gambienne n’avait pas connu pareille crise depuis 1994 – date de l’arrivée au pouvoir par la force de l’actuel chef de l’Etat. Selon le journal sénégalais Sud Quotidien, il fallait, fin août, 189 dalasis pour se procurer 5 000 francs cfa. La monnaie a tellement perdu de sa valeur que les Gambiens eux-mêmes cherchent par tous les moyens à se procurer des devises étrangères. Une crise financière qui reflète la mauvaise passe que traverse l’économie du pays, et qui serait aggravée par le jeu des cambistes clandestins.
L’année n’a pas été faste pour le petit pays enclavé dans le territoire sénégalais. L’une des ses principales ressources, les revenus fournis par la transgambienne, a connu des déboires. Ce passage obligé des routiers sénégalais s’est vu boudé des camionneurs suite à l’augmentation du prix du bac qui permet de passer d’une rive à l’autre du fleuve Gambie. L’autre richesse du pays, l’agriculture, a terriblement souffert de la sécheresse. Lors d’une conférence organisée pour les ONG, la vice-présidente Aïssatou Ndiaye a dressé un tableau catastrophe de l’économie rurale.
Mesures d’urgence
Averti de la crise financière, Yayah Jammeh a tenté de stopper l’hémorragie. Près d’un milliard de francs cfa a été injecté dans les caisses de la Banque centrale. Pour stopper l’inflation, le ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Emploi, en accord avec les principaux importateurs gambiens, a élaboré un tableau indicatif du prix des denrées de première nécessité. Ces mesures n’ont cependant pas suffi à remonter le Dalasi. Il faut encore aujourd’hui 170 dalasis pour obtenir 5 000 francs cfa.
Les autorités gambiennes n’ont en réalité que peu de marge de manoeuvre sur les fluctuations de la monnaie. Le cours est d’abord fixé par les cambistes clandestins qui sévissent à la frontière sénégalaise. Banjul a déclaré la guerre à ce marché noir et a fait publier la liste des 16 établissements autorisés à fournir du change. Mais l’activité des cambistes est tolérée depuis si longtemps qu’il sera difficile d’y mettre un terme du jour au lendemain.
Lire aussi :
La Gambie et le Sénégal ratent le bac.