Le quotidien de Nairobi offre l’un des meilleurs médias électroniques du Continent. Retour sur les raisons d’un succès et visite guidée.
En ligne et sur papier, si le Daily Nation de Nairobi a bonne réputation, c’est d’abord parce qu’il est crédible et qu’il n’est pas le seul à le dire. Une anecdote parmi d’autres : le journal, propriété du richissime Aga Khan, n’a pas hésité à licencier l’un de ses meilleurs et plus anciens journalistes parce qu’il avait, sans que cela influence apparemment ses articles, servi de « consultant médias » à un homme politique en vue. L’histoire, survenue à l’automne 1999, est rapportée par une ONG.
Autre particularité du journal : il n’hésite pas à organiser de véritables campagnes de presse lors de grandes occasions. Ce fut, il y a quelques mois, le cas avec le scandale du chang’aa, cet alcool frelaté qui a fait des centaines de morts. Le Daily Nation a très vite délaissé la couverture factuelle de ce sinistre fait divers et a préféré s’intéresser, jour après jour, aux lacunes d’un système de santé et d’une police qui ont rendu le drame possible. C’est dans ces pages nourries de la meilleure tradition du journalisme anglo-saxon que le verbe anglais « to question » (mettre en cause) prend tout son sens.
Enfin, le Daily Nation se distingue par son Saturday Magazine, un supplément qui mêle avec grâce les « stories » légères sur les tendances et les modes, dans la veine du féminin américain « Cosmopolitan », et les enquêtes de fond sur la société kenyanne.
Un regard kenyan sur le monde
Bref, le Daily Nation, qui s’auto-proclame « The authority in Kenyan news »*, mérite largement son statut d’institution, et le site web du journal ne dépare pas l’ensemble. Le site est mis à jour quotidiennement. Il comprend à chaque fois une quinzaine d’articles nouveaux. La page d’accueil, simple et claire, présente toujours une photo en relation directe avec la principale actualité du jour, systématiquement nationale.
L’équipe du quotidien a compris que ses fidèles internautes ne cherchaient pas à connaître les nouvelles du monde en se rendant sur le site, même si la rédaction ne rechigne pas à enrichir les pages du « Daily Nation on the web » de commentaires éditorialisés sur la marche de l’Afrique et du reste de la planète. Ce fut le cas lors de la récente présidentielle ivoirienne, avec un article finement ciselé sur les responsabilités de la France dans la déconfiture de la période post-Houphouët.
Le contenu reproduit fidèlement le parcours de lecture d’un quotidien, allant jusqu’à donner le dessin du jour – en ouverture rapide, un supplément de confort non négligeable. L’archivage est un autre atout remarquable du site. Si la recherche n’est pas très pratique, elle permet d’accéder aux éditions du journal jusqu’à 1997, autant dire la préhistoire des médias en ligne. Enfin, le web du journal s’enrichit de l’accès au Monitor ougandais, et surtout à l’excellent newsmagazine The East African, propriété du même groupe.
* « La référence parmi les journaux kenyans »