Le Maroc exporte son cuir. Si bien qu’il n’en reste plus assez pour l’industrie nationale. Le gouvernement tente aujourd’hui d’endiguer la grave pénurie de peau dans le royaume en soumettant les exportations à une autorisation ministérielle.
Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés. Le Maroc ne fait pas mentir le vieil adage. A force d’exporter son cuir, le royaume n’en a plus assez pour son marché intérieur. Les autorités chérifiennes ont décidé de mettre le holà à cette délicate situation en soumettant désormais les exportations à une autorisation ministérielle. Une mesure temporaire pour endiguer une pénurie de peau qui affecte toutes les branches du secteur.
» Les exportations abusives de peau mettent en péril toute l’industrie du cuir marocain. Tous les secteurs d’activités sont touchés :la chaussure, le vêtement, la maroquinerie et l’artisanat « , déclare Mme Zineb Filali, cadre à la direction de la politique commerciale extérieure du ministère du Commerce et de l’Industrie. » De nombreuses tanneries ont dû licencier jusqu’à la moitié de leurs employés « .
Au préjudice des produits finis
» La mesure qui a été prise par le gouvernement est une mesure d’urgence liée à des perturbations constatées sur le marché « . Désormais, toutes les exportations de peau sont soumises à une autorisation de la part du département commerce extérieur du Ministère du Commerce et de l’Industrie. Une mesure temporaire, » le temps de retrouver un juste équilibre « , explique-t-on au Ministère.
» En deux ans, les exportations sont passées de 20% de la production nationale à 80% aujourd’hui « , rappelait à l’Economiste, M Abdeslam Alaoui El Hassani, le président de la Fédération marocaine des industries du Cuir.
A l’origine de cette recrudescence des exportations marocaines : la maladie de la vache folle et la fièvre aphteuse en Europe. Les besoins sont énormes, les opportunités nombreuses. » Les problèmes de maladies en Europe mettent une pression énorme sur nos peaux « , explique-t-on au Ministère.
Mais le pire reste que le cuir exporté est essentiellement de la matière brute et non les produits finis. » La situation a tué la tannerie qui ajoute de la valeur ajoutée aux produits. C’est tout un savoir-faire qui est perdu par le Maroc « , estime Mme Filali. Les professionnels du cuir ne sauraient être de l’avis contraire. Ils saluent la nouvelle disposition gouvernementale, une mesure salutaire avant qu’il ne leur reste que la peau sur les os…