Certaines femmes de République Démocratique du Congo se servent du cube Maggi par voie anale pour arrondir leur croupe, que les hommes préfèrent dodue. La pratique n’est pas sans risque pour la santé.
Par Aurore Assombri
La chanson « Ntaba ya Bandundu » devient doucement un tube en République Démocratique du Congo. Cette rumba de Shiko Mawatu, plus connu comme parolier, traite dans ses grandes largeurs de l’infidélité d’une femme. Mais l’introduction du morceau évoque un sujet tabou. « T’en as déjà mis huit sur les dix qu’il y avait à la cuisine, lance en substance le morceau en lingala. Laisse les deux autres pour assaisonner les haricots. » Hélène se plaint en effet que son amie ait dilapidé le stock de cubes Maggi pour rester au top de sa forme fessière.
Cube Maggic ?
Certaines introduisent en effet ce concentré d’aromates par voie anale pour avoir le postérieur généreux dont une majorité de Congolais raffolent. Elles l’utilisent dans sa forme brute comme suppositoire ou le liquéfient afin de l’introduire plus facilement par le biais d’une seringue. « Les femmes se disent que comme le cube Maggi est plein d’élément nutritifs, si on le place à cet endroit, seules les fesses prendront de la masse », résume Kerwin Mayizo, chroniqueur radio sur RFI et France Inter.
Le spécialiste musical souligne que de grands artistes du pays demandent à leurs danseuses d’utiliser le « cube ». Il se remémore des scènes qu’il a vues, des informations qu’on lui a fournies et dresse un emploi du temps type des filles : « Elles restent dans une villa où, le matin, un chorégraphe les fait danser. Vers 10h, elles voient leur conseiller en esthétique qui leur donne des lotions et des produits décapants. Après, on s’arrange pour qu’elles fassent au moins trois repas copieux et très gras. Le soir, le médecin du coin vient avec du Durabolin. Comme au final sur dix filles on n’en garde que cinq, certaines demandent à ce qu’on leur amène du cube Maggi pour mettre toutes les chances de leur côté ».
Les résultats de cette pratique sont mitigés. Chez certaines, le subterfuge fonctionne et les filles ne se privent pas de parader fièrement. A tel point que celles qui sont naturellement dotées d’un petit popotin n’hésitent pas à soulever la thèse du cube Maggi auprès de leur petit ami, quand ce dernier louche de trop près sur la croupe d’une rivale potentielle. Une façon de vanter le naturel et de dénigrer une « tricheuse » présumée.
Belle à mourir
D’autres utilisatrices n’y ont pas trouvé leur compte, à l’image d’Antoinette*. « Mes fesses ne s’élargissaient pas. Tout allait dans mes hanches et mes fesses n’étaient pas si rebondies », se désole cette jeune femme de 24 ans. Du coup, elle a abandonné cette mode. Une mode qui peut se révéler dangereuse pour la santé. De nombreuses femmes ont développé des infections, notamment à cause des épices contenues dans le cube Maggi. Les moins chanceuses ont succombé. Des cas tragiques dont les medias se sont fait l’écho.
Devant la menace sanitaire, des campagnes de sensibilisation ont été menées. Les dangers sont de plus en plus clairs, surtout dans l’esprit des filles scolarisées. Mais la tentation subsiste chez les plus minces, même instruites. Elles savent que leur silhouette frêle n’est pas un gage de beauté et que, pire, elle peut les faire passer pour des séropositives.
Lire aussi : Rondeurs à tout prix
*Son prénom a été changé.