Dans » Guëw « , l’artiste sénégalais Souleymane Faye combat ses démons intérieurs, ses angoisses. Son cri ressemble à celui Munch, peintre norvégien. Un cri dans une solitude profonde. Un bijou.
Le rire peut cacher une grande solitude. La musique de Souleymane Faye, enjouée, frénétique, dissimule une grande angoisse. Même quand il fait plaisir en adoptant le Mbalax, ses notes glissent vers la soul, le jazz. Souleymane Faye est une charge émotive : sa vie chaotique se ressent dans sa musique. Le son rock vient appuyer sa rébellion. Dans » Guëw « , il exorcise joyeusement ses angoisses. L’ancienne voix de Xalam se bat avec ses démons. Car » il y a pire que le sida « . Artiste maudit qui donne des sueurs froides à tous les producteurs. Il lui est arrivé plusieurs fois de laisser tomber son album au beau milieu de l’enregistrement et de disparaître pendant des mois. Faye est hanté par des esprits maléfiques qu’il pourchasse avec une musique excentrique, au bord du rire hystérique ou des larmes. C’est le propre d’un génie.
Exubérance mystique
En fuyant la gloire pour se réfugier dans la solitude, souvent dans l’extrême dénuement, » l’incompris de Dakar » a forgé son verbe. La jeunesse se reconnaît en lui. Le poète solitaire donne à sa voix sa plénitude dans la souffrance et sa colère. Et il a beaucoup de comptes à régler : marabouts cupides, politiciens véreux, le chômage.
La liste est longue. Dans » Nieuweul Guëw « , sa voix rocailleuse, mélange de Ray Charles et Cab Calloway, prend des accents mystiques. Les arrangements de Lamine Faye épousent les contours torturés du feeling de Souleymane. Le cri de Faye est semblable à celui de Munch, peintre hollandais. Un cri dans la solitude.
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