Les séries photographiques de l’Algérienne Zineb Sedira explorent le corps physique et symbolique de la femme arabe. Jouant sur les contrastes et la pénombre, l’artiste s’expose jusqu’en septembre à Arles (France) dans le cadre des Rencontres internationales de la Photographie.
Une atmosphère mystique et terriblement humaine flotte au fond de la Chapelle Sainte-Anne, à Arles (sud de la France). A même la pierre rugueuse, les photographies de Zineb Sedira s’exposent au regard du visiteur. Celles qui le happent en premier laissent éclater l’inquiétante blancheur de haïks portées par les modèles des trois » Autoportraits « . Trois femmes ou la Trinité à l’orientale vue par l’artiste algérienne. Photographiées sur fond blanc, les Madones ont l’air de statues pétrifiées, un oeil singulier émergeant du vêtement.
A côté de cet étrange et dérangeant triptyque, le très graphique » Foulard de ma soeur « . Une femme, de dos, porte un foulard fait de l’assemblage des photos de son propre visage, nu et les cheveux déliés. Autre triptyque : la même soeur, au visage découvert cette fois-ci, maquillée et portant des boucles d’oreilles, qui ajuste un foulard sombre sur sa tête.
Culture de l’ombre
Puis la série » Exilées d’Algérie » dans laquelle Amel, Fatiha, Salia, Zoulikha et Aïcha ne sont que des ombres. Zineb Sedira explore la pénombre encore dans ses quatre » Autoportraits en silhouettes « . On devine les cheveux courts et bouclés de la photographe, un rai de lumière laisse entrevoir un reflet sur le bout du nez, sur une paupière ou la rondeur d’une joue. Elle a choisi ce jeu de clair-obscur pour s’exprimer sur sa culture d’origine : celle de l’ex-colonisé. Une culture de l’ombre correspondant à la discrimination raciale vécue par les immigrés maghrébins. Avec la série des haïks, on ne sait si le voile est virginal ou oppresseur. La photographe remet ainsi en cause l’imaginaire orientaliste et les préjugés portés sur la femme arabe.
Algérienne née en France, Zineb Sedira participe, aux côtés d’une Palestinienne et d’une Iranienne, à l’exposition intitulée » Le corps comme territoire « . Ces trois femmes artistes arabes donnent à voir une représentation de soi, chacune dans un langage artistique particulier. A découvrir au cours des 33èmes Rencontres internationales de la Photographie d’Arles, jusqu’au 8 septembre.
33èmes Rencontres internationales de la Photographie d’Arles. » Le corps comme territoire « . Zineb Sedira (Algérie) à la Chapelle Ste Anne (Place de la République), Raeda Saadeh (Palestine) au Palais de l’Archevêché (Place de la République) et Janane Al-Ani (Iran) au Musée Réattu.