Le Congo-Brazzaville va construire son plus grand barrage hydroélectrique à Sounda


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Sounda
Sounda

Le gouvernement congolais a annoncé le lancement, en janvier 2025, des travaux de construction de son plus grand barrage hydroélectrique à Sonda, dans le sud du pays. Ce projet ambitieux, d’une capacité de 600 à 800 mégawatts, vise à renforcer l’offre électrique dans un pays confronté à des coupures de courant.

L’annonce a été faite, mercredi, par Thierry Moungalla, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. « Le gouvernement par le biais du ministère de l’Énergie et de l’Hydraulique a signé un protocole d’accord avec la société China Overseas Co Ltd pour le développement du site de Sounda, en vue de la production de 600 à 800 mégawatts d’électricité », a déclaré le ministre. Thierry Moungalla ne cache d’ailleurs pas sa joie face à ce qu’il annonce comme une véritable avancée : « Il s’agit là d’une excellente nouvelle. Nous avons enfin la concrétisation de ce projet tant attendu pour renforcer l’offre de la production électrique ».

Un projet ambitieux, mais…

Les travaux devraient se terminer en juin 2030, avec un coût global estimé à 1 300 milliards de F CFA (plus de 8,5 milliards d’euros), préfinancés par la Chine. Ce soutien s’inscrit dans un historique de coopération entre Brazzaville et Pékin, qui a déjà financé la construction de trois autres barrages sur le territoire. Il s’agit du barrage d’Imboulou, inauguré en 2011 et dont la puissance totale est de 120 mégawatts, du barrage de Moukoukoulou d’une capacité de 74 mégawatts, entré en service en 1979, et du barrage de Liouesso de 19 mégawatts, devenu opérationnel en 2019. La puissance totale de ces trois barrages mise ensemble est de 213 mégawatts. Insuffisants pour fournir assez d’énergie électrique aux plus de 2.5 millions d’habitants des deux plus grandes agglomérations du pays que sont Brazzaville et Pointe-Noire.

Il faut rappeler qu’au début des années 1960 EDF, la compagnie d’électricité de France, avait réalisé des études et avait considéré qu’il était possible de produire 1 000 MW. Il reste donc une marge de progression importante.

Ces deux villes sont en proie à des coupures de courant électrique, en dépit de la disponibilité à Pointe-Noire d’une centrale à gaz de plus de 450 mégawatts. Les autorités congolaises évoquent souvent des pertes dans le circuit de transport de l’énergie produite entre Pointe-Noire et Brazzaville. « Nous perdons dans une production totale de 720 mégawatts, entre 80 et 120 mégawatts entre Pointe-Noire et Brazzaville. Ce qui est produit se perd dans le réseau de transport », rappelle Thierry Moungalla. Cette situation est aggravée par la mauvaise gouvernance de l’opérateur public, Énergie électrique du Congo (E2C).

… pas assez au regard de la puissance du fleuve Congo

Avec son coût global de plus de 8,5 milliards d’euros, ce qui est un investissement lourd, le projet de la construction du barrage de Sounda semble très ambitieux. Mais, une ambition encore modeste comparée à celle des autorités éthiopiennes qui ont érigé sur le Nil bleu le Grand barrage de la renaissance (GERD) capable de produire 5 150 mégawatts pour un coût final estimé à près de 9 milliards d’euros (10 milliards de dollars), soit plus du double des 4 milliards prévus initialement.

À côté du grand barrage éthiopien, le barrage de Sounda en produira moins de 1 000, alors même que le Congo est traversé par le fleuve éponyme, le plus puissant du continent. Selon des études, il serait est capable d’accueillir un barrage hydroélectrique à même d’alimenter toute l’Afrique en énergie électrique. Étendu sur 4 700 km, le Congo fait partie des plus grands fleuves du monde d’abord par sa longueur (8e plus long fleuve du monde et 2e en Afrique), mais également par son débit dont la moyenne est de 41 000 m3/s pouvant atteindre les 80 000 m3/s au maximum, qui le positionne en deuxième place après l’Amazone au plan mondial et en tête en Afrique.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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