Malgré la distance qui sépare le Cameroun à la Russie et à l’Ukraine, leur conflit, déclenché depuis le 24 février 2022 a des répercussions fâcheuses dans le quotidien des populations camerounaises, qui ne savent plus à quel saint se vouer. Cela se vérifie plus précisément dans la hausse des prix des denrées de première nécessité, parmi lesquelles, le riz, l’huile végétale, la farine de blé et par conséquent le pain, la pâtisserie.
Entre juin 2020 et juin 2021, le niveau général des prix dans les marchés du Cameroun a augmenté de 2,2%, selon l’Institut national de la statistique (INS). Calculette en main, l’inflation n’est que très légèrement en baisse au Cameroun en glissement annuel, passant de 2,5% à fin juin 2020 à 2,2% à fin juin 2021. À en croire les analystes de l’INS, ce niveau d’inflation est la résultante du renchérissement des produits alimentaires. « En moyenne sur les 12 derniers mois, les tendances inflationnistes demeurent et sont tenues par les prix des produits alimentaires », qui ont progressé de 3,7% à fin juin 2021, contre seulement 3,2% au premier semestre 2020, précise l’INS.
À l’origine de cette hausse des prix, l’INS cite des causes endogènes et exogènes. Au plan endogène, l’augmentation des prix des produits alimentaires est la conséquence de « la spéculation des commerçants distributeurs du fait de la réduction de la mobilité au niveau des frontières, la faiblesse de l’offre des produits agricoles due aux changements climatiques qui perturbent les cycles agricoles, l’insécurité persistante dans certaines régions du Cameroun qui continue d’éroder les capacités de production des ménages agricoles, l’approvisionnement limité des grands centres de consommation à cause de la dégradation de certains axes du réseau routier ou ferroviaire… ».
Au plan exogène, « la conjoncture internationale liée aux dysfonctionnements des chaînes d’approvisionnement créés par la pandémie » du Coronavirus est mise à l’index par l’INS. A cela s’ajoute le conflit russo-ukrainien. De ce point de vue, le ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana a multiplié des réunions avec les opérateurs de ces secteurs d’activités, mais celles-ci n’ont pas pu arrêter la saignée.
« Si rien n’est fait dans les plus brefs délais… »
« Sur les marchés de Douala et même partout sur le territoire national, l’inflation des prix des produits alimentaires est telle que le repas de base est désormais hors de portée des ménages modestes. Les denrées de première nécessité comme le riz, sucre, céréales, … voient leur prix prendre l’ascenseur. Si nos gouvernants avaient amélioré les conditions de travail de nos seigneurs de la terre, nous n’aurions jamais connu cette situation, car nous avons tout ce qu’il faut : des terres fertiles, d’innombrables cours d’eau, une main d’œuvre qualifiée et jeune, … Si rien n’est fait dans les plus brefs délais, nous risquons de connaître une 2ème grève de la faim. Et dans tout ça, c’est le consommateur qui paie les pots cassés. Que c’est dommage ! Gouverner, c’est prévoir, dit-on souvent », déplore Paul Tamtouo, mécanicien.
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