Le Club de la solidarité numérique : les solutions logiciels libres pour l’Afrique


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Mamadou Oumar Dia

Les logiciels libres pour quoi faire ? Si la gratuité est souvent le premier argument avancé, la complète adaptabilité des solutions libres aux besoins réels reste, sans doute, le plus grand atout. Comme nous l’explique Mamadou Oumar Dia, archiviste dans la fonction publique à Dakar. Présent au séminaire du Club de la Solidarité numérique (8-9 juin 2006, Dakar), il nous fait part des limites du logiciel propriétaire que son service utilise et d’un système uniquement centralisé à Dakar. Interview.

De Dakar, Florence Le Nulzec

Mamadou.jpgSolutions et synergies. Tels sont les deux maître-mots du [Club de la solidarité numérique->
www.club-solidarite-numerique.org], en séminaire jeudi et vendredi à Dakar. Venue présenter le concept des logiciels libres (code source ouvert et gratuité du logiciel), l’équipe proposera des solutions libres pour l’éducation et pour les entreprises, adaptées aux besoins des utilisateurs. Une tâche que le Club ne conçoit qu’à travers une synergie entre différents acteurs : le secteur privé, le secteur public, le vivier des informaticiens du continent et les Organisations non gouvernementales. Mamadou Oumar Dia, 31 ans, est documentaliste et officier central à la fonction publique. Son service gère les archives administratives de tous les fonctionnaires du pays. Limité dans l’exercice de ses fonctions avec le logiciel propriétaire qu’il utilise (Access), il se tourne aujourd’hui vers les logiciels libres pour trouver des réponses efficaces aux problèmes qu’il rencontre.

Afrik.com : Pourquoi êtes-vous intéressé par l’initiative du Club de la solidarité numérique ?

Mamadou Oumar Dia :
Je suis venu ici pour m’approprier l’esprit des logiciels libres afin de pouvoir les utiliser dans mon environnement de travail et d’améliorer les choses. Aux archives, nous avons choisi, dans notre récente phase d’autonomisation, le logiciel Access pour créer notre plate-forme pour développer une base de données. Notre rôle est de gérer les dossiers personnels de tous les agents de la fonction publique du pays. Mais nous rencontrons des limites avec Access.

Afrik.com : Lesquelles ?

Mamadou Oumar Dia :
Il y a, par exemple, des champs que nous ne pouvons pas configurer. Par ailleurs, il y a parfois des « silences », c’est-à-dire que vous n’avez pas les résultats que vous attendiez en lançant votre requête. Il y a également ce que nous appelons des « bruits », c’est-à-dire que vous obtenez pléthore de résultats quand vous présentez votre requête. Nous pensons qu’à travers les logiciels libres, nous pouvons trouver des solutions plus adaptées à nos besoins et gérer la carrière des agents, de leur entrée dans la fonction publique à leur sortie, plus efficacement.

Afrik.com : Comment se fait-il que les autorités ne misent pas vraiment sur les logiciels libres ?

Mamadou Oumar Dia :
Là réside le véritable problème. Il existe de nombreux facteurs, comme les lourdeurs administratives qui font que les choses bougent très lentement dans l’administration. Mais je pense que nous pêchons avant tout par ignorance. Les autorités ne sont pas au courant qu’il existe des logiciels qui permettent de faire le même travail, et même de le faire mieux, à moindre coût. D’où l’importance de la sensibilisation. A mon niveau, je vais rendre compte de ce que j’aurais pu apprendre ici et le faire découvrir à mon supérieur hiérarchique pour lui montrer un nouveau champs de possibles, qui puisse demain nous permettre de mettre en place un système efficient. Et pourquoi pas, à travers notre expérience, de vulgariser les logiciels libres au sein des autres structures de l’Etat.

Afrik.com : Les autorités ont-elles conscience de l’importance de la conservation et de la gestion des archives ?

Mamadou Oumar Dia :
Il reste beaucoup à faire, mais les choses bougent un peu. Les archivistes seront, par exemple, bientôt obligés de prêter serment avant de prendre fonction. La gestion des archives est fondamentale pour une entreprise, qu’elle soit publique ou privée. Les archives permettent de retracer les procédures. Aujourd’hui, que se soit dans les administrations publiques ou privées, les gens passent leur temps à refaire les mêmes choses. C’est une énorme perte de temps et d’argent. Par ailleurs, les archives permettent aux générations futures de faire des recherches documentaires et de s’appuyer sur ce qui a déjà été fait quand elles voudront entreprendre telle ou telle chose. Les archives permettent de voir ce qui a marché, les pesanteurs, les obstacles, comment les gens ont fait pour les surmonter. Malheureusement, les autorités ne sont pas assez sensibilisées pour pouvoir être à même de mettre en place des politiques cohérentes et globales pour prendre en charge la gestion des documents.

Afrik.com : Y a-t-il une politique de décentralisation au niveau des archives administratives au Sénégal ?

Mamadou Oumar Dia :
Non. Et je trouve personnellement presque écoeurant que quelqu’un doive quitter Tambacounda, au fin fond du Sénégal (400 km au sud-est de Dakar, ndlr) pour se procurer un acte à Dakar. Alors qu’il aurait pu se procurer ou consulter le document en ligne si on avait informatisé le système. C’est vrai au niveau du pays, mais aussi de la diaspora. Il n’y a qu’à penser aux représentations consulaires à l’étranger. Il y a des personnes dont l’avancement est bloqué parce qu’elles ne sont pas à jour administrativement, parce qu’elles n’ont pas les moyens de s’informer et de déclencher les procédures.

Afrik.com : Existe-t-il une politique de numérisation dans l’administration sénégalaise ?

Mamadou Oumar Dia :
Le mouvement avait été enclenché, mais il semble aujourd’hui au point mort, car je n’en ai plus entendu parlé.

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