Le Cinéma de Résistance à l’honneur à Alger


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Ouverture solennelle du Forum Cinéma et Mémoire à Alger le 9 décembre 2024

La première journée du Forum « Cinéma et Mémoire » organisé à Alger à partir du 9 décembre 2024, dans le cadre du 70ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération algérienne, et sous le haut-patronage du Président Abdelmadjid Tebboune, a mis tout particulièrement à l’honneur le cinéma de résistance et de combat algérien. 

Le Ministre de la Culture algérien Zoheir Belalou

Le discours introductif du Ministre de la Culture algérien, M. Zoheir Belalou, a particulièrement pointé l’importance des liens entre cinéma et histoire, le cinéma ayant un rôle majeur dans la constitution des imaginaires collectifs, et la mémoire étant indispensable pour que le citoyen puissent se situer en pleine conscience dans le monde où il vit. Le Ministre a tout particulièrement insisté sur le fait que lors de la guerre de libération, « la caméra était à côté de la mitraillette pour gêner la répression des colonisateurs et faire connaître à l’extérieur le quotidien des combattants. » En tirant de cette expérience fondatrice une leçon pour l’avenir : « le développement technologique donne une force décuplée aux images… et il est essentiel de se méfier des messages qui sont portés par les images diffusées par les nouveaux réseaux ! » La modernité du cinéma, c’est encore et toujours d’être du côté de la vérité et de la réalité dans les combats idéologiques d’aujourd’hui, face au déferlement numérique des manipulations et des fausses informations. D’où la volonté marquée du Président Abdelmadjid Tebboune de donner un nouvel élan au cinéma algérien, en portant à 70% la part du financement public dans les nouvelles productions, pour qu’il retrouve la créativité et la puissance d’évocation qui ont été les siennes.

Les réalisateurs algériens Ahmed Rachedi et au second plan Rachid Bouchareb

Ce rôle exemplaire du cinéma algérien à la fois au sein de la guerre de libération et pour en transmettre la mémoire a offert au Ministère de la Culture algérien l’occasion d’honorer de grandes figures du cinéma algérien, les uns bien présents, tels Ahmed Rachedi et Rachid Bouchareb, les autres défunts, tels Gillo Pontecorvo ou René Vautier…

L’intervention liminaire du grand critique de cinéma Ahmed Bedjaoui a montré l’importance que les pionniers du cinéma algérien, au coeur du combat de libération nationale, ont joué pour faire triompher à la fois moralement et diplomatiquement la cause d’un peuple que le colonisateur français tentait de bâillonner en limitant au maximum la divulgation de la réalité de la répression sans merci que subissaient les combattants algériens. Au congrès décisif de la Soummam, Abane Ramdane a emporté la décision de mener une action de communication pour l’internationalisation du conflit algérien. Il s’agissait bien de casser la propagande française sur la « pacification en Algérie ». Les autorités françaises ne voulaient surtout pas que des images des combats et des actions de guerre menées contre les populations sortent d’Algérie, et les Algériens ont alors su utiliser les images pour décrédibiliser les forces coloniales, et porter jusqu’à l’ONU l’attention des opinions publiques sur les « événements » qui se déroulaient sur leur terre. Cette stratégie fut décisive.

A sa suite le spécialiste du cinéma Olivier Hadouchi montra également comment la révolution algérienne a inspiré des films qui ont appris aux autres peuples cette manière nouvelle d’utiliser les images pour documenter la répression par le cinéma, donc pour prendre l’opinion publique internationale à témoin. Et c’est vrai tant des films du GPRA, comme ceux de René Vautier, que de ceux de Mohammed Lakhdar-Hamina ou d’Ahmed Rachedi. 

A n’en pas douter, le cinéma algérien contemporain de la guerre de libération et des premières années de l’indépendance a joué un rôle majeur dans l’invention du « cinema de résistance », un cinéma au service de la cause des peuples qui doivent s’affirmer et se faire reconnaître dans leur droit à disposer d’eux-mêmes et à exercer leur souveraineté.

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