Les eaux du Limpopo, fleuve qui délimite la frontière entre le Zimbabwe et l’Afrique du Sud avant de traverser le Mozambique pour se jeter dans l’Océan indien, ont été contaminées par le choléra, selon les médias locaux.
D’après les Nations Unies, « l’épidémie de choléra sans précédent » qui sévit au Zimbabwe et qui a fait 565 morts sur 12 546 cas signalés depuis août « s’aggrave et devient plus difficile à contenir à mesure qu’elle s’étend au-delà des villes ».
Les Doctors for Human Rights du Zimbabwe, une organisation non-gouvernementale (ONG), ont indiqué que le bilan des morts pouvait s’élever à plus de 1 000 personnes.
« Le début de la saison des pluies menace de rendre le choléra endémique, à mesure que cette maladie hydrique devient de plus en plus imprévisible et que les interventions se laissent dépasser par les épidémies. Harare (la capitale), où le plus grand nombre de cas de choléra ont été signalés, continue de souffrir de graves pannes d’eau », a déclaré le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
Le porte-parole des autorités sanitaires de la province sud-africaine du Limpopo, limitrophe du Zimbabwe, a déclaré sur les ondes d’une radio locale que tous les cas de choléra détectés en Afrique du Sud étaient liés à l’épidémie au Zimbabwe.
Six cas connus de décès dus au choléra ont été recensés en Afrique du Sud (deux Sud-Africains et quatre Zimbabwéens). L’UNICEF dit avoir fourni aux autorités un stock, suffisant pour un mois, de produits chimiques pour le traitement des eaux de la ville, et distribue environ 360 000 litres d’eau potable par jour.
Du carburant, une denrée tout aussi rare, est également fourni pour contribuer à lutter contre le choléra, 40 000 litres de solution pour perfusion ont été distribués, ainsi que plusieurs milliers de kits d’hygiène, de pastilles de traitement de l’eau et de sacs mortuaires.
Le réseau hydraulique aurait été remis en service à Harare le 3 décembre, après plusieurs jours de suspension totale de l’approvisionnement en eau.
Le déclin s’accélère
L’épidémie de choléra touche désormais 42 des 62 régions du Zimbabwe, et porte un autre coup au régime du président Robert Mugabe, au pouvoir depuis 28 ans, qui semble de plus en plus fragile.
Le taux officiel d’inflation annuelle, qui s’élève à 281 millions pour cent (selon les dernières statistiques officielles communiquées depuis juillet 2008), a donné lieu à une grave pénurie de liquidités et incité les soldats de l’armée, dans l’impossibilité de retirer leurs soldes auprès des banques, à piller les boutiques d’Harare. Les affrontements qui ont opposé les soldats et la police dans la capitale ont fait au moins un mort dans les rangs de l’armée.
Les médecins et les infirmiers sont en grève, ce qui a obligé les hôpitaux à fermer ou à fonctionner avec un personnel minimal et avec l’aide de bénévoles ; selon certaines informations, les travailleurs de la santé qui manifestaient à Harare, le 3 décembre, ont été dispersés par la police anti-émeutes, armée de matraques.
Les Nations Unies prévoient qu’au premier trimestre de l’année 2009, quelque 5,1 millions de Zimbabwéens (soit près de la moitié de la population) auront besoin de recevoir une aide alimentaire d’urgence ; le taux de chômage est estimé à 90 pour cent, les services municipaux (tels que les systèmes d’assainissement et le réseau hydraulique) se sont effondrés, et les dirigeants de la région se montrent de plus en plus impatients face au régime de M. Mugabe.
Philip Dexter, haut responsable du Congrès du Peuple (COPE), un parti politique dissident formé au sein du Congrès national africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du Sud, a déclaré au Cape Town Press Club le 2 décembre qu’à « ce stade, la seule façon de résoudre le problème du Zimbabwe serait de faire suffisamment pression sur Mugabe pour l’obliger à partir ».
« Soit il devrait partir volontairement, soit il faudrait le contraindre à le faire par la force », selon M. Dexter. « Et je pense que nous devrions aider le peuple zimbabwéen à atteindre cet objectif ».