Le Soudan, déjà confronté à des difficultés humanitaires et à des conflits prolongés, fait face à une épidémie dévastatrice de choléra. Selon les récentes informations fournies par le ministère soudanais de la Santé, 1 235 personnes ont perdu la vie à cause de la maladie, qui a également touché 47 366 individus à travers le pays.
Ce drame intervient alors que le Soudan est déjà en proie à une guerre civile dévastatrice, exacerbant ainsi la vulnérabilité des populations face aux maladies infectieuses.
Alerte du Bureau des Nations unies
L’épidémie de choléra s’est intensifiée en raison des conditions météorologiques extrêmes qui frappent le pays depuis plusieurs mois. Depuis juin, les fortes pluies et les inondations qui ont ravagé le Soudan ont créé un environnement propice à la propagation de la bactérie responsable de cette maladie. Les eaux stagnantes et la mauvaise gestion de l’assainissement ont favorisé la contamination des sources d’eau, qui est la principale voie de transmission du choléra. Ce contexte difficile, combiné à un système de santé déjà fragilisé par la guerre, rend la lutte contre cette épidémie d’autant plus compliquée.
Le 12 août, face à la recrudescence des cas, les autorités soudanaises ont officiellement déclaré l’épidémie de choléra, signalant ainsi la gravité de la situation. Dans le même temps, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (UNOCHA) a estimé qu’environ 3,4 millions d’enfants soudanais étaient exposés à un risque élevé de contracter la maladie, compte tenu des conditions sanitaires déplorables et du manque d’accès aux soins de santé.
Réponse humanitaire internationale
Face à cette crise sanitaire, l’ONU et plusieurs de ses agences ont intensifié leurs efforts pour contenir la propagation de l’épidémie et venir en aide aux victimes. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a annoncé, le 5 octobre, l’envoi de 1,4 million de doses de vaccin contre le choléra au Soudan. Cette initiative vise à protéger les populations les plus vulnérables, en particulier les enfants, contre la maladie qui continue de se propager rapidement dans les zones affectées par les inondations.
L’UNICEF, en collaboration avec d’autres organisations humanitaires, met également en place des programmes de distribution d’eau potable et de traitements pour purifier les ressources en eau, tout en fournissant des services de santé d’urgence pour prendre en charge les malades. Les efforts de prévention incluent des campagnes de sensibilisation pour informer la population sur les mesures de prévention, telles que l’importance du lavage des mains et de l’assainissement de l’eau.
Situation difficilement gérable dans un contexte de guerre
Cependant, la guerre qui déchire le pays depuis plusieurs années complique considérablement la réponse à l’épidémie. Les infrastructures de santé sont largement détruites, et de nombreuses régions sont inaccessibles en raison des combats, des routes impraticables et de l’insécurité généralisée. Le personnel médical, déjà peu nombreux, est souvent contraint de travailler dans des conditions précaires. Ce qui réduit encore l’efficacité des soins.
La situation humanitaire au Soudan continue de se détériorer, exacerbée par l’instabilité politique et les tensions internes. La population, déjà éprouvée par la guerre, doit désormais faire face à une épidémie qui ajoute une nouvelle couche de souffrance. Les conditions sanitaires sont particulièrement déplorables dans les camps de déplacés et dans les régions rurales, où l’accès aux services de santé et à l’eau potable est limité.
Le choléra : un fléau endémique en Afrique
La situation au Soudan n’est malheureusement pas un cas isolé en Afrique. Le choléra, une maladie contagieuse causée par une bactérie qui se transmet par l’eau contaminée, a fait de nombreuses victimes à travers le continent. Les épidémies de choléra sont fréquentes en Afrique, où de nombreux pays souffrent de problèmes d’assainissement, de mauvaises infrastructures de santé et de périodes de sécheresse ou de fortes pluies qui créent des conditions idéales pour la propagation de la maladie.
En 2018, le Nigeria a été confronté à une grave épidémie de choléra, avec des milliers de cas recensés dans plusieurs états du pays. Le Cameroun de même que le Tchad ont également été touchés par des vagues de choléra. Dans ces pays, la propagation de la maladie a été facilitée par l’absence de systèmes d’assainissement efficaces et de l’eau potable. Ce qui a entraîné des pertes humaines importantes, en particulier parmi les populations vulnérables comme les enfants et les personnes âgées.