Tortueux, le chemin de la réconciliation nationale est long à gravir, en Côte d’Ivoire. Témoin le récent verdict du Tribunal mixte civil et militaire qui condamne le général Palenfo à un an de prison, et blanchit le général Coulibaly, pour les charges de » complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat « … Pour un coup d’Etat vraisemblablement imaginaire que leur imputait, alors qu’il dirigeait la junte, le général Gueï.
Procès politique ? Certes, les deux généraux étaient proches d’Alassane Ouattara, auquel tous les péchés étaient alors simultanément imputés (et sur ce point les choses n’ont pas vraiment changé depuis l’avènement de Laurent Gbagbo). Certes, le Général Palenfo était ministre de l’Intérieur, au temps, pas si lointain, où Alassane Ouattara, Premier ministre du » Vieux « , envoyait Laurent Gbagbo en prison pendant six mois pour participation à des manifestations violentes.
De sorte qu’il est facile de conclure que les hommes contribuent à l’ironie de l’Histoire, et que Palenfo perçoit dans cette condamnation la monnaie de sa propre pièce… Toujours est-il que le Président Gbagbo avait prévu de le gracier. Et que cette grâce présidentielle, exprimée en amont même de la condamnation, constitue un geste fort de réconciliation nationale. Un peu comme si le pouvoir ivoirien était désormais soucieux de marquer sa volonté d’effacer les dérives militaires, politiques et judiciaires qui marquèrent les dernières années.
Peu importent les susceptibilités en cause, peu importent les réactions instinctives des uns ou des autres. La vie publique est aussi affaire de symboles, et l’on ne nous empêchera pas de penser que le symbole apporté par l’amnistie des membres du Conseil national de Salut public (l’ancienne junte) est heureusement complété par la grâce offerte à Palenfo, et l’acquittement de Coulibaly.