Après plus d’un an entre les mains du redoutable chef militaire du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC), Salif Sadio, les 7 militaires et un sapeur pompier en retraite ont été libérés dimanche 9 décembre. Le commandant en chef du maquis du Mfdc a lancé une mise en garde à la communauté internationale, mais aussi au gouvernement sénégalais.
(De notre envoyé spécial)
Une cérémonie sobre a été organisée dimanche 9 décembre, dans une des bases de Salif Sadio, non loin de la frontière Gambienne, pour la libération des soldats sénégalais détenus depuis plus de 12 mois. Ces militaires habillés en tenue de combat et en sandales, ont été dans un premier temps présentés à l’assistance composée des ministres gambiens de l’Intérieur, des Affaires étrangères et des Affaires présidentielles, et des représentants du corps diplomatique et du CICR. Il était 12 heures quand ces soldats ont été libérés.
Le chef de guerre Salif Sadio, entouré de sa garde rapprochée, fera savoir que cette libération est une étape vers la délivrance de la Casamance. « Les prisonniers de guerre sont à présent libérés. Cependant, leur libération ne signifie nullement la fin de la lutte que nous menons, encore moins la renonciation à l’option indépendantiste qui nous anime. Donc, le combat pour l’indépendance nationale de la Casamance continue ».
« Macky Sall doit se méfier des généraux génocidaires »
Salif Sadio a fait une mise en garde au président Macky Sall. « S’il se laisse conseiller par ceux qui font de la guerre en Casamance un fond de commerce, et par les anciens généraux de son armée qui, non seulement, ont tous échoué ici, mais surtout, ont peur de la fin de la guerre parce qu’ayant commis beaucoup de crimes en Casamance s’attendant, par conséquent à des poursuites pénales, alors l’échec l’attend comme ses prédécesseurs Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. De 1982 à nos jours, le peuple de Casamance souffre des crimes perpétrés par l’armée sénégalaise : pose de mines, bombardement de villages et assassinats ciblés. Et pourtant, cette armée se prend pour une armée professionnelle », le chef rebelle. Pour lui, « Macky Sall doit suffisamment tirer des leçons pour bien comprendre que le Sénégal ne viendra jamais à bout de la résistance par les armes », a-t-il fait remarquer.
« Le silence coupable de la communauté internationale »
Dans son discours, Salif Sadio n’a pas raté la communauté internationale, fortement représentée pendant cette cérémonie. « Si le monde d’aujourd’hui n’était pas ce qu’il est, la guerre en Casamance n’aurait pas duré 30 ans. Tous les peuples du monde ont droit à la liberté et le peuple de Casamance ne doit pas faire exception. Alors, s’il faut attendre que la Casamance regorge de pétrole ou qu’elle soit un pays producteur de diamant, d’or et de cacao, pour que la communauté internationale ait pitié de son peuple, comme c’est le cas pour d’autres, cela est vraiment regrettable », a dénoncé le chef rebelle. Après cette cérémonie, les 7 soldats et le sapeur pompier ont été conduits dans la ville de Youndoum, non loin de l’aéroport. Dans un premier temps, un repas leur a été servi avant de rejoindre Dakar à bord d’un avion affrété par le président gambien, dans la soirée.
Le mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) mène une lutte armée depuis 1982 pour l’indépendance de la Casamance, une province du Sénégal.