Plus de trois millions et demi de Tunisiens sont invités dimanche à se prononcer par référendum sur une réforme de la Constitution qui ouvrira la voie à un quatrième mandat pour le président Zine El Abidine Ben Ali en 2004. Drôle de conjugaison. Il faut lire qui a ouvert la voie. C’est le futur décomposé. Un temps mineur au goût de la continuité. Tendance : Ben Ali à vie. L’opposition tunisienne préfère parler de Ben à vie. La rime tourne au cauchemar. Le rêve de changement en continuité.
» Etes-vous d’accord sur le projet de loi constitutionnelle relative à l’amendement de certaines dispositions de la Constitution, adoptée par la Chambre des députés lors de sa séance plénière du 2 avril 2002 et publiée au Journal officiel de la république tunisienne ? » C’est à cette question lancinante que les Tunisiens sont invités à répondre oui ou non. Le mystère est insoutenable : le oui franc et massif sera-t-il de 90, 95 ou 99% ?
Quels sont les nouvelles dispositions ? Les amendements proposés prévoient le renouvellement, sans limite, des candidatures à la présidence de la République. Cela tombe bien : la précédente Constitution prévoyait trois mandats maximum et Ben Ali achève son 3ème mandat en 2004. Elle repousse de 70 à 75 ans l’âge limite pour postuler à la magistrature suprême. Pur hasard, le président Ben Ali est un jeune homme de 65 ans. Il peut donc postuler à deux nouveaux mandats.
Coup d’Etat médical. Pour rappel, il est arrivé au pouvoir, en 1987, en écartant l’ancien président Habib Bourguiba pour sénilité. Dernière disposition : selon l’article 41 de la future Constitution, le président bénéficie d’une immunité judiciaire durant l’exercice de son mandat et après la fin de son mandat.
Franchement, les Tunisiens auront l’embarras du choix pour trouver des raisons de se déplacer aux bureaux de vote. Un président à vie qui bénéficie d’une immunité éternelle et une démocratie entre des parenthèses d’acier… que rêver de plus cauchemardesque.