Le Canada, 11ème région du Cameroun


Lecture 4 min.
Les émigrants camerounais à l’aéroport
Les émigrants camerounais à l’aéroport

Lors de la rentrée économique du Groupement des Entreprises du Cameroun (Gecam), le plus grand patronat camerounais, le 18 septembre dernier, à Douala, Célestin Tawamba, le président de cet organisme, a indiqué: « Le Cameroun est devenu le 2ème grand pourvoyeur de la main d’œuvre au monde, plus précisément au Canada, après la France. De janvier à avril 2024, près de 6000 camerounais ont immigré au Canada. Le patronat camerounais est particulièrement préoccupé par cette migration massive des travailleurs qualifiés et par ses conséquences sur la croissance économique du pays ».

« Nous avons engagé une collaboration avec le gouvernement camerounais, pour faire face à la fuite des compétences vers l’extérieur, plus précisément au Canada», conclut-il.

Pour l’étudiante Mégane I.,« pendant que certains pays réfléchissent sur la croissance future de leur économie, d’autres par contre, pensent autrement. D’où la fuite des cerveaux dans bon nombre de pays africains, parmi lesquels, le Cameroun, qui regorge un sous-sol riche, des têtes bien faites et bien pleines dans divers domaines. Retenons que l’animal, tout comme l’être humain, ne peut vivre dans un environnement malsain. Même si vous l’attachez avec de grosses chaînes, il va tout faire pour les briser. C’est donc en cela que je conçois ce départ massif des camerounais, vers ce grand pays développé de l’Amérique du Nord qu’est le Canada. Et le rapport de l’institut statistique du Québec vient étayer mes propos, en révélant « qu’en 4 ans seulement entre 2019 et 2023, 14135 camerounais ont immigré au Canada, soit environ 6% de l’ensemble des immigrés de ce pays »».

« Deux de nos ingénieurs sont partis au Canada »

« Ce qui est marrant c’est que, tous les secteurs d’activité sont concernés par ce phénomène. Et c’est vraiment une grande perte pour notre pays ! Un pays où les fonctionnaires sont plus riches que les entrepreneurs et les hommes d’affaire, où la pauvreté pousse les parents à être de moins en moins à côté de leurs enfants, où les chefs de missions diplomatiques ne cessent de rappeler à leurs concitoyens de toujours se munir d’un peu d’argent et de ne jamais riposter en cas de braquage, de ne pas emprunter les taxis ayant des passagers à bord, de ne pas marcher avec les objets de valeur, de caméras, bref, un pays qui n’a pas pu valoriser ses fils et filles, mêmes ceux de la diaspora, qui sont pour d’autres pays, des maillons importants pour le développement », ajoute-t-elle.

« Dans notre entreprise, deux de nos ingénieurs sont partis au Canada, sans nous informer. Étant au Canada, ils ont informé leurs plus proches collaborateurs. Ils leur ont dit que toutes les conditions sont réunies, pour qu’ils y vivent longtemps avec leurs familles. Ils ont cité les salaires alléchants, les meilleures conditions de travail, des allocations familiales respectées, de la prise en charge médicale, de l’hébergement et transport décents, etc. Alors, jusqu’à présent, l’entreprise ne peut pas atteindre ses objectifs, à cause de leur absence. Et nous éprouvons des difficultés pour les remplacer », déclare Patrice B., délégué du personnel dans une entreprise de la ville de Douala.

« Nous ne connaîtrons plus la perte des cerveaux… »

« Ne cherchons pas de midi à 14 heures. Pour que les camerounais de l’intérieur et de l’extérieur s’intéressent de leur pays, il faut éviter la longévité au pouvoir et à la tête des entreprises, ne plus tailler la constitution à sa mesure, créer des entreprises, prôner la méritocratie, améliorer les salaires et les conditions de travail, assouplir les conditions pour la création des entreprises, faciliter l’accès aux terres, construire des routes, etc.», suggère le patriarche Félix M.

« Une fois que toutes ces conditions seront prises en compte, nous ne connaîtrons plus la perte des cerveaux, des enlèvements avec demande de rançon, le chômage des jeunes qui conduit à la consommation et la commercialisation de la drogue, le phénomène des microbes (groupe de jeunes délinquants qui agressent avec des armes blanches), etc. », conclut-il.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News