Le président béninois Mathieu Kérékou, surnommé » le caméléon « , se succède à lui-même. Il remporte haut la main le second tour contre son toujours allié Bruno Amoussou. Il risque cependant de traîner, durant son prochain mandat, l’étiquette de mal-élu.
Le président béninois sortant Mathieu Kérékou a sans surprise été confortablement réélu pour un mandat de cinq ans. Il a recueilli 84,06 % des voix au second tour contre 15, 94 % pour son allié de toujours Bruno Amoussou. Le résultat du scrutin du 22 mars doit être officiellement validé ce lundi soir par la Cour constitutionnelle. Cependant, il ne fait aucun doute que le général Mathieu Kérékou, surnommé » le caméléon » se succèdera à lui-même. Le second tour a été marqué par le désistement des principaux partis d’opposition. Son principal rival, Nicéphore Soglo ,qui a été le premier à se retirer de ces élections en les qualifiant de mascarade, a annoncé son intention de déposer un recours en annulation du second tour, devant la Cour constitutionnelle.
Un président mal élu
Le président Kérékou risque en effet de traîner l’étiquette de président mal élu. Longtemps considéré comme » la Suisse de l’Afrique « , ou un » laboratoire de démocratie « , le Bénin a vécu dramatiquement ces élections. La présence de Bruno Amoussou au second tour, loin de sauver les apparences de la démocratie, a jeté au contraire le discrédit sur le scrutin. Les félicitations du challenger à son maître avant le verdict final ne sont pas pour calmer une opposition en colère contre ces » élections décaféinées « .
Les Béninois ont envoyé des signes forts à Kérékou. Un Béninois sur deux ne s’est pas présenté aux urnes alors que durant le premier tour le taux de participation était de 85 %. Les bulletins nuls arrivent à la troisième place avec 8,73% des inscrits. Le camp de Kérékou semble avoir compris le message : il s’est gardé de tout triomphalisme. Une victoire très discrète.