Baisse de la qualité et de la quantité, prix au kilo très faible et baisse des cours mondiaux. La filière du café, l’un des piliers de l’économie malgache, va très mal. Analyse.
Le café malgache va mal. La filière est en situation de crise depuis 1997. Alors que le café représentait encore à cette date l’une des principales ressources de la Grande Ile et permettait une rentrée de devises importante, il s’est fait dépasser à l’exportation par d’autres produits comme la vanille ou les crustacés. Bien qu’au Comité national du commerce du café (CNCC), on argue que le secteur du café connaît une récession dans beaucoup d’autres pays, il n’en demeure pas moins que le cas de Madagascar est particulier.
» Le problème du café malgache, c’est la qualité « , explique Auguste Paraina, vice-président de l’Assemblée et ancien ministre du commerce. » Nos caféiers sont trop vieux. » Problème de qualité mais aussi de quantité. Le café ne fait plus recette et la production a chuté prodigieusement ces dernières années. Elle est passée de 47 767 tonnes en 1998 à 12 974 tonnes en 2000. Cette année, elle devrait tourner autour des 10 000 tonnes.
1 franc le kilo
Une chute de la production accompagnée d’une baisse des prix. A 1 000 FMG (1FF) le kilo, les milliers de paysans qui dépendent de ce produit ne peuvent plus joindre les deux bouts. » En 1994, un agriculteur vendait 1 kg de café pour se procurer 3 kg de riz – qui est la base de l’alimentation malgache. Aujourd’hui, pour avoir ces 3 kg de riz, il doit vendre 8 ou 9 kg de café « , déplore Auguste Paraina. Résultat : cette année les grains pourrissent sur pieds. » Les gens ne se donnent même pas la peine de ramasser le café. C’est du gâchis mais ils ne veulent pas travailler pour rien. Ils ne sarclent plus les pieds de café. C’est un véritable cercle vicieux. »
Si la filière semble aujourd’hui » condamnée « , comme le titrait le quotidien Midi Madagasikara cette semaine, elle le doit à d’autres handicaps que l’âge de ses caféiers. Notamment : la dispersion et l’atomisation de la production (les grandes exploitations ont pour la plupart disparu), la variation des conditions climatiques (Madagascar est souvent victime de cyclones ou dépressions tropicales) et le manque d’incitation étatique à l’amélioration de la qualité et de la préparation du café.
Robusta contre Arabica
Une récession qui s’explique aussi par une baisse des cours mondiaux ces dernières années et une concurrence de plus en plus rude en provenance de pays comme le Vietnam, le Brésil, l’Indonésie ou la Côte d’Ivoire. Madagascar cultive du café Robusta, or, la tendance de la consommation mondiale va vers une plus grande demande en café Arabica (90% de la demande contre 10% pour le Robusta). » Le café malgache n’est pas indispensable sur le marché « , explique Auguste Paraina. De fait, Madagascar doit compter sur quelques clients fidèles pour exporter sa marchandise.
Auguste Paraina milite pour une reconversion des producteurs de café. » Je suis député du sud-est – avec le centre-est, la région représente 60% de la production malgache de café, ndlr – et j’y promeus la diversification : la production de poivre, girofle, vanille. Cela met du temps. Le café est une activité traditionnelle que les producteurs ont du mal à abandonner. »
Même si le très bon niveau atteint en 1994 par la production et l’exportation de café de Madagascar est difficile à égaler aujourd’hui, Auguste Paraina garde espoir. » On peut toujours remonter la pente. Il faudrait revenir aux anciennes pratiques comme le renouvellement des caféiers qui n’existe plus depuis que l’Etat s’est désengagé de la filière. » Le café malgache manque aussi des contrôles de qualité et de séchage qui éviteraient la vente de café pas assez sec. L’avenir du café malgache est noir mais pas désespéré.