Le président de l’Etat burundais et le chef des Forces pour la défense de la démocratie, la plus importante faction rebelle du Burundi, ont signé, mardi matin en Tanzanie, un historique accord de paix. Une victoire pour la diplomatie régionale, un pas crucial vers l’arrêt de la guerre civile dans le pays.
Le président burundais, Pierre Buyoya, et le chef rebelle des Forces pour la défense de la démocratie (FDD), Pierre Nkurunziza, ont signé, mardi matin à Arusha (Tanzanie), un précieux accord de paix sous l’égide d’une initiative régionale de médiation. En présence des dirigeants ougandais, tanzaniens, sud-africains et éthiopiens, le plus grand des deux mouvements rebelles burundais a consenti à déposer les armes pour s’engager dans un processus de transition politique.
Un cessez-le-feu a été annoncé sous 72 heures, mais la paix véritable ne sera effective que le 30 décembre prochain. Les efforts des pays voisins du Burundi n’auront pas été vain. Le vice président sud-africain, Jacob Zuma, chef de la délégation régionale, estime » que la signature du cessez-le-feu est une victoire pour tous « . Il se félicite également qu’une » solution africaine » ait pu être trouvée pour résoudre le conflit burundais.
Représentation équitable
Le Burundi est aux prises, depuis 1993, avec une guerre civile qui a fait plus de 300 000 victimes. Au centre du problème : un déséquilibre ethnique entre Tustis et Hutus dans les grandes instances nationales. Des mouvements rebelles hutus prennent le maquis face aux autorités et à une armée à majorité tutsie. Bien que ses derniers ne représentent que 15% de la population. L’accord de mardi prévoit le démantèlement des forces régulières pour y instaurer une nouvelle parité ethnique.
Mais la plus audacieuse mesure reste la nomination du vice-président hutu, Domitien Ndayizeye, à la tête de l’Etat en lieu et place du président Buyoya. Il devrait prendre ses fonctions le 1er mai 2003. Une concession de taille pour Bujumbura qui amorce une transition politique dans le pays et la tenue prochaine d’élections libres. En 2001, l’ancien président sud-africain, Nelson Mandela, avait déjà réussi à faire signer au chef de l’Etat burundais un accord de partage du pouvoir où il s’engageait à quitter son fauteuil, mais l’opposition hutu, absente des débats, n’avait pas cautionné les négociations.
Signer avec l’autre groupe rebelle
Pour autant chacun se garde de crier victoire. Car si le FDD a effectivement renoncer à la voix des armes, le second mouvement rebelle, les Forces de libération nationale (FLD), qui n’a pas été convié à Arusha, est encore sur le sentier de la guerre. Pour que le pays tourne définitivement la page sanglante de la guerre, il faudra que ce gouvernement et les pays médiateurs convainquent le FLD d’emboîter le pas du FDD. Le pays pourra, alors songer, si chacun respectent ses engagements, à panser ses blessures.
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