Les autorités du Burundi devraient pleinement rétablir les droits de diffusion de la British Broadcasting Corporation (BBC) et de la Voice of America (VOA) a déclaré aujourd’hui le Comité pour la protection des journalistes.
La BBC et la VOA sont interdites de diffusion au Burundi depuis mai 2018, date à laquelle leurs licences ont été suspendues, pour une durée initiale de six mois, comme le rapportait le CPJ à l’époque. Le 29 mars, le Conseil national de la communication, le régulateur des médias burundais, a annoncé qu’il avait retiré le permis d’exploitation de la BBC et renouvelé sa suspension de la VOA, selon des informations et un communiqué officiel du Conseil national de la communication publié sur Twitter par la presse locale.
« La décision de garder la BBC et la VOA en dehors des ondes, est clairement destinée à empêcher les Burundais d’avoir accès à des reportages critiques et à empêcher le monde entier d’être au courant de ce qui se passe au Burundi », a déclaré pour le CPJ Muthoki Mumo, représentant de l’Afrique sub-saharienne. « Nous exhortons les autorités à lever les interdictions de VOA et de la BBC et à permettre à tous les médias, locaux et internationaux, d’opérer librement et indépendamment ».
Nestor Bankumukunzi, président du Conseil national de la communication a informé le CPJ par SMS qu’il répondrait à ses questions mais ne l’avait pas encore fait au moment de la publication. Le porte-parole du gouvernement, Prosper Ntahorwamiye, a refusé de répondre aux questions du CPJ.
Le Conseil national de la communication a affirmé que la BBC avait diffusé un documentaire faux, calomnieux et contraire aux lois burundaises sur les médias. En décembre 2018, la BBC a diffusé un documentaire sur des sites de torture présumés gérés par les services de sécurité burundais, que les autorités ont qualifiées de « fausses informations ».
Dans son avis, le conseil a également accusé la BBC d’avoir violé les assurances que le radiodiffuseur aurait prétendument données l’an dernier de ne pas diffuser de contenu ne respectant pas ses propres directives éditoriales.
Le 29 mars, la BBC a publié une déclaration condamnant la décision du régulateur, affirmant qu’il s’agissait « d’un coup dur porté à la liberté de la presse ». Le courrier électronique du CPJ adressé à un porte-parole de la BBC demandant des observations supplémentaires n’a pas reçu de réponse.
En renouvelant la suspension de VOA, le conseil a accusé le radiodiffuseur d’avoir employé Patrick Nduwimana, ancien directeur de Bonesha FM, aujourd’hui fermée. Dans un courrier électronique adressé au CPJ, un porte-parole de la VOA a déclaré que Nduwimana était « un contractant de la VOA swahili et ne diffusait pas en kirundi [la langue nationale du Burundi] ».
La directrice de VOA, Amanda Bennett, membre du conseil d’administration du CPJ, a déclaré dans un communiqué qu’il était alarmant que les journalistes au Burundi « soient désormais interdits de communiquer avec VOA »/em>.
Dans un courrier électronique adressé au CPJ, le porte-parole de la VOA a déclaré que la chaîne avait mis fin à l’emploi de journalistes indépendants au Burundi « pour leur propre sécurité », tout en ajoutant qu’aucun n’avait rapporté avoir reçu de menaces depuis l’annonce de la nouvelle suspension.