Près de 3,8 millions d’électeurs burundais sont appelés aux urnes ce mardi pour élire un nouveau président de la République. L’actuel chef de l’Etat Pierre Nkurunziza devrait être largement reconduit au cours d’un scrutin boycotté par les principales formations d’oppositions. Il intervient alors que les négociations sous la médiation ougandaise pour sortir de la crise ont été interrompues par la politique de la « chaise vide » du pouvoir en place. Il s’oppose à la mise en place d’un Conseil national, une plate forme commune de l’opposition, qui vise, selon l’exécutif, à mettre en place un gouvernement parallèle.
L’élection présidentielle au Burundi doit se dérouler ce mardi dans un contexte de crise politique alors que la plupart des partis d’opposition ont décidé de boycotter le scrutin. Les négociations pour une issue politique au conflit entre opposition et gouvernement ont été interrompues dimanche. Le pouvoir ne s’est pas rendu à la réunion pour s’opposer à la création d’une plateforme commune de plusieurs formations d’opposition qui tentent, selon les autorités, de mettre en place un gouvernement parallèle et de prolonger la tentative de « putsch » du 13 mai dernier.
Un « gouvernement en exil » ?
« Le conseil saura pleinement jouer le rôle qui lui incombe comme garant de la légalité et des institutions », peut-on lire dans le communiqué publié le 15 juillet dernier qui annonce la création du Conseil national pour le respect de l’Accord d’Arusha et de l’Etat de droit au Burundi. Cette phrase a provoqué l’indignation du gouvernement qui a décidé dimanche de ne pas se rendre aux négociations avec l’opposition et des représentants de la société civile mis en place sous la médiation ougandaise depuis mercredi.
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Pour le ministre de l’Intérieur, Edouard Nduwimana, cette « démarche parallèle » aux négociations est une « prolongation du putsch manqué du 13 mai », rapporte RFI. Selon le gouvernement, elle vise à la mise en place d’un « gouvernement en exil » critiqué comme « incompatible » avec la souveraineté du Burundi. Le Conseil national a lancé un appel aux Burundais de l’intérieur et de l’extérieur pour se réunir prochainement à Addis-Abeba
Trois candidats toujours en lisse
Pour l’opposition, il s’agit d’une excuse de l’exécutif pour repousser les discussions alors que la question du calendrier électoral devait être abordée dimanche. Il s’agit du deuxième point sur les quatre fixé à l’ordre du jour du dialogue : l’aspect sécuritaire a été le premier sujet abordé. Le troisième mandat de Pierre Nkurunziza et le gouvernement d’union national sont les deux autres points fixés. « Le gouvernement n’a jamais manifesté de volonté pour négocier, il a toujours fait semblant de vouloir négocier », a indiqué le président de l’Alliance des démocrates pour le Changement (ADC), une coalition d’opposition, Léonce Ngendakumana.
Ils sont trois candidats à avoir annoncé le retrait de leur candidature à la Présidentielle de mardi : les deux anciens présidents, Domitien Ndayizeye et Sylvestre Ntibantunganya, et le président du parti Frodebu-Nyakuri, Front pour la democratie au Burundi-Veritable, Jean Minani. Ils ont jugé que les conditions n’étaient pas réunies pour l’organisation d’une élection libre et transparente. La plupart des médias privés d’opposition sont ainsi toujours fermés. Deux candidats, perçus comme proche du pouvoir, sont encore en course pour le scrutin face au président sortant : le président de la Coalition pour une opposition participative (COPA), Jean de Dieu Mutabazi et le candidat du parti Union pour le progrès de la nation (UPRONA), Gerard Nduwayo.
Près de 167 000 burundais réfugiés dans les pays voisins.
La crise a débuté le 26 avril dernier, quand Pierre Nkurunziza a été investi candidat par le parti au pouvoir, le Cndd-Fdd, pour la troisième fois. Alors que la Constitution limite à deux le nombre de mandat du chef de l’Etat, il estime qu’il peut se représenter cette année car, en 2005, il a été une première fois élu par le Parlement, et non par les électeurs, conformément à l’accord d’Arusha qui a mis fin à la guerre civile.
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Dans un climat d’insécurité alimenté par les attaques de rebelle au nord du pays et alors que les putschistes ont appelé au renversement du président, ils sont près de 167 000 personnes à avoir fui le Burundi pour se réfugier dans les pays voisins, notamment en Tanzanie. Le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) a récemment démenti l’existence d’un retour en nombre de ces réfugiés affirmé par le gouvernement.
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