Le Burkina Faso a progressé entre 2010 et 2014 dans le classement de l’indice Doing Business qui évalue la facilité de faire des affaires dans tous les pays du monde, à l’initiative de la Banque mondiale. Pendant ces quatre années le Burkina est passé de la 167ème à 161ème place sur 183 pays.
Le Burkina Faso a connu entre 2010 et 2014 une hausse dans le classement de l’indice Doing Business qui évalue la facilité de faire des affaires dans tous les pays du monde, à l’initiative de la Banque mondiale. Pendant ces quatre années le Burkina est passé de la 167eme à 161eme place sur 183 pays.
Une progression due au plan interne initié par le Burkina au début des années 1990, avec une réforme en profondeur de sa politique économique et une libéralisation de l’économie. Les réformes mises œuvre ont notamment porté sur la privatisation des entreprises publiques, la libéralisation des marchés, l’assainissement des finances publiques, des comptes extérieurs et la promotion du secteur privé. Le développement économique et social du Burkina repose désormais sur le dynamisme du secteur privé et partant celui des Peites et Moyennes Entreprises et Industries.
Une indispensable politique publique
La première nécessité sur la voie du développement est la mise en œuvre de politiques publiques cohérentes, donnant la priorité à la création d’entreprises. Depuis quelques années, avec le soutien du Patronat et de la Chambre de Commerce burkinabè, l’Etat a mené des actions visant à favoriser la création de plusieurs entités d’appui aux petites et moyennes entreprises, par exemple l’Office National du Commerce Extérieur, la Maison de l’entreprise du Burkina, le Centre de Gestion Agréée, le Centre d’Arbitrage, de Médiation et de Conciliation de Ouagadougou, le Bureau de Restructuration et de Mise à Niveau…
De plus en plus les pays en voie de développement comme le Burkina Faso ont compris que la principale voie de développement et la porte de sortie de la pauvreté est précisément d’investir dans les petites et moyennes entreprises. Les institutions publiques et les entreprises gérées par l’Etat qui constituent la « fonction publique » ne sont plus en mesure de satisfaire les besoins en emplois d’une population qui est en pleine croissance démographique.
Suite aux injonctions des institutions financières internationales (celles de Bretton Woods en l’occurrence, à savoir la Banque mondiale et le Fonds monétaire international) imposant la libéralisation économique aux gouvernements des pays en développement, avec le secteur privé comme moteur, l’intérêt pour l’entreprise a considérablement progressé,et c’est dans cette perspective que ces multiples agences ont été créées. De source officielle, le gouvernement marque son entière disponibilité à travailler aux côtés des acteurs pour renforcer un secteur privé dynamique, créateur d’emplois, de richesses et porteur de développement.
Ouédraogo Laurentine titulaire d’une maitrise de droit de l’Université de Ouagadougou et actuellement gérante de son restaurant dans la ville de Ouagadougou, nous confie que c’est le manque crucial d’emplois auquel sont confrontés les jeunes qui l’a conduite à créer sa petite entreprise de restauration. Mais elle affirme qu’elle ne regrette pas son choix parce qu’elle gagne très bien sa vie et arrive à prendre soin de sa famille, dont elle assume la charge. Elle salue aussi le soutien de l’Etat burkinabè qui de plus en plus facilite et accompagne les jeunes entrepreneurs dans la création de leurs entreprises, en particulier par la rapidité de l’octroi du permis d’entreprenariat.
Deux catégories de réformes de politiques économiques ont été menées par le Burkina Faso au cours des deux dernières décennies : la première catégorie de Réformes essentiellement d’ordre interne porte sur le secteur non financier ; la Seconde catégorie de reformes conduites à l’échelle communautaire sous l’impulsion de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, porte quant à elle sur le secteur financier.
Les difficultés propres de l’entreprenariat
Les PME/PMI du Burkina sont confrontées à diverses contraintes qui réduisent les perspectives de rentabilité de leurs projets et diminuent d’autant la visibilité pour les banques. C’est pourquoi les petites et moyennes entreprises voient souvent leur activité bridée par un accès difficile aux crédits bancaires, et ont du mal à faire face aux besoins de trésorerie qu’impliquent le développement de leurs activités et les aléas des marchés sur lesquels elles s’implantent.
La plus lourde contrainte réside pour elles dans l’absence ou l’insuffisance de fonds propres et autres ressources longues, qui constituent un élément essentiel de la solidité financière d’une entreprise. Le manque de fonds propres limite en outre la capacité d’endettement de l’entreprise et amplifie le risque encouru par les banques, car la solvabilité de l’entreprise est assurée par ses capitaux propres.
Face à l’indisponibilité de ressources stables à un niveau suffisant pour faire face aux besoins ponctuels de trésorerie suscités par son cycle d’exploitation, la petite entreprise burkinabè peine à recruter.
En outre, la faiblesse des fonds propres se traduit par des difficultés pour les entreprises à présenter des garanties suffisantes pour les organismes prêteurs, notamment des actifs immobiliers. Ce qui explique aussi l’impossibilité pour les petites et moyennes entreprises burkinabè d’accéder au marché financier régional, sur lequel des ressources à moyen ou long terme pourraient être plus facilement levées.
Inciter et aider les banques à financer les PME PMI
La faible rentabilité des entreprises constitue également une contrainte forte. Les coûts élevés des facteurs de production grèvent la compétitivité des entreprises et affectent leurs résultats. La faible capacité managériale des dirigeants, en particulier des petites et moyennes entreprises, se traduit par l’inexistence ou le manque de fiabilité des états financiers qui constituent le matériau de base de l’instruction par les banques des dossiers de demande de crédit. Aussi, les banques ne sont pas suffisamment outillées pour l’évaluation des projets et l’appui financier des entreprises, et c’est aussi pour répondre à ce besoin que les agences publiques peuvent être sollicitées.
Par ailleurs, les entreprises de taille réduite connaissent des difficultés d’accès aux marchés publics dont les conditions d’attribution, en particulier les garanties et les cautions bancaires exigées, sont pour elles très difficiles à réunir. Ainsi les principaux relais de croissance disponibles au niveau local sont pour elles inaccessibles…
L’enjeu prioritaire de l’emploi
Or il est établi que même dans la plupart des pays développés, l’artisanat et les PME constituent le premier réservoir d’emplois, tandis que l’accès au travail est la condition première du progrès social. C’est parce qu’elle dispose de revenus stables et d’une forme de sécurité dans son pouvoir d’achat qu’une population voit se développer en son sein une classe moyenne dynamique, dont la consommation devient actuellement le premier vecteur de croissance endogène des pays africains. Cette évolution est essentielle pour un pays comme le Burkina Faso, dont la principale richesse est créée par le travail de ses habitants, et non par une rente liée à l’exploitation de matières premières minières ou d’hydrocarbures.
Le principal défi à relever par le Burkina consiste donc à trouver un juste équilibre entre d’une part, le besoin de renforcer la solidité du secteur financier et d’autre part, l’implication volontariste de ce secteur pour répondre aux besoins de développement des entreprises. Les actions à entreprendre pour relever ce défi impliquent la mise en place d’un pacte entre l’ensemble des partenaires pour donner une nouvelle impulsion à la dynamique de financement des PME/PMI, permettant un développement tant économique que social de l’économie du Burkina Faso.