La maison de disques britannique World Circuit réédite l’album « Buenos Hermanos » du chanteur-vedette du Buena Vista Social Club, Ibrahim Ferrer, qui était paru en 2003 – l’artiste nous a quittés en 2005. Un album qui restitue tout l’esprit joyeux et dansant, mais aussi romantique et sentimental, des musiques cubaines, et un « must « pour tous ceux qui avaient adoré l’album du groupe, succès mondial paru il y a 23 ans déjà !
Quelle bonne surprise ! La magie technologique permet la production d’albums… posthumes ! En voyage à Cuba dans les années 90, le guitariste américain Ry Cooder avait découvert toute une génération de musiciens formidables, qui avaient été actifs dans les années 40 et 50, et qui ne jouaient plus guère, tous âgés de plus de 70 ans en moyenne.
Tombé sous l’enchantement de ces musiques énergiques et joyeuses, il décide alors de leur faire enregistrer un disque ensemble, donne au groupe le nom d’une boîte de nuit célèbre à La Havane avant la Révolution de 1959, le « Buena Vista Social Club », et le disque homonyme, sorti en 1997, sera un succès mondial phénoménal ! 4 millions d’albums seront vendus, record historique pour un disque de musiques non-occidentales : le groupe cubain venait ainsi se placer aux côtés des stars américaines et britanniques qui monopolisent les ventes mondiales de disques depuis que le disque existe (superbe démonstration au passage de la pénoménale domination culturelle anglo-saxonne sur la planète au cours du siècle passé…).
Voici donc un disque qui vous fera danser, car la plupart des chansons sont des chansons à danser, comme on les aime – toujours ! – à Cuba. Car dans l’île on part encore danser, le dimanche après-midi, dans des clubs en plein air faits pour cela, au son de petits orchestres, on danse en bermuda, en tongs, en jolie robe si on veut mais ça n’est pas obligatoire, on danse formidablement et de 15 à 95 ans, et si l’on aime les musiques cubaines le mieux est encore de se rendre sur place et de la vivre là-bas ! Car la bonne nouvelle c’est que le génie d’un peuple ne meurt jamais !
Justement : le succès phénoménal du disque « Buena Vista Social Club » – et du film-reportage superbe qu’a réalisé Wim Wenders sur la découverte de son ami Ry Cooder – a plus fait pour l’économie cubaine, pour le dialogue inter-culturel entre l’Europe et les pays du Sud, et pour la reconnaissance de l’excellence professionnelle des artistes noirs dans le monde, que mille plans d’aide du FMI ou de la Banque Mondiale ; mille rapports savants de sociologues et politologues distingués ; et mille mouvements de protestation et de lobbying.
Car ces musiques cubaines faisaient danser le monde entier dans les années 40 et 50, avant la Révolution Cubaine : les orchestres cubains faisaient des tournées mondiales, et vos parents ou grands-parents, s’ils aimaient danser, ont évidemment dansé des rumbas, des cha-cha-chas et des boléros, fort à la mode en ce temps-là, comme toutes les musiques du continent latino-américain, qui nous offraient, avant le Buena Vista Social Cluba, des hits encore plus planétaires, de « Besame Mucho » à « Guantanamera », devenus des standards de la chanson et du jazz dans le monde entier.
Certes, la voix d’Ibrahim Ferrer est un peu fatiguée dans telle ou telle chanson : né en 1927, l’artiste avait 76 ans au moment où il enregistrait « Buenos Hermanos ». Mais cela ne gâche rien à notre plaisir – d’autres, comme Charles Aznavour, ont continué à chanter bien après cet âge-là… Et nous nous demandons pourquoi quatre des chansons ajoutées à cette réédition de l’album original paru en 2003 – « Me voya pa Sibanicú », « Ojos Malvados », « Mujer » et « Ven conmigo Guajira » – ne furent pas retenues dans l’album original. Voici donc 4 nouveautés véritablement ressuscitées grâce au miracle technologique de l’enregistrement !
Et en bonus-track de cet article, les paroles de « La Música Cubana », pour chanter avec Ibrahim Ferrer :
La Música Cubana
La Música Cubana
Música, mi música cubana
Muchos grandes han cantado
Nuestra música cubana;
Con sus voces han honrado
Nuestra bandera cubana.
No olvidaremos sus nombres
Siempre los recordaremos.
Hay muchos que se las dan
De ser hoy los verdaderos
Hay muchos que se las dan
De ser hoy los verdaderos
Y sin embargo se olvidan
De aquél que llegó primero
LES MUSIQUES CUBAINES, UN ENGOUEMENT MONDIAL QUI NE S’EST JAMAIS TARI…
Même si les Américains ont voulu mettre Cuba à genoux, en leur imposant un embargo international après la Révolution de 1959, Révolution qui signifiait le refus de Fidel Castro de se laisser dominer économiquement et culturellement par les Etats-Unis qui soumettaient alors ( et en partie jusqu’à ce jour ) le reste du continent latino-américain, même si l’isolement politique de l’île mettait fin à l’exportation de musiques cubaines à partir de l’île avec l’arrêt des échanges humains entre Cubains de l’île et étrangers, et bien malgré tout cela, les musiques cubaines ont continué pendant toutes ces décennies à s’exporter dans le monde et à nous enchanter, via… les artistes cubains exilés à Miami ou New York, qui se joignaient aux artistes internationaux de la chanson et du jazz, et la musique cubaine a continué ainsi à influencer de ses rythmes uniques des générations entières de musiciens, du Nord comme du Sud.
Aujourd’hui la chanson et le jazz mondiaux sont irrigués de musiques cubaines et latino-américaines, et l’Amérique Latine prend une belle revanche avec les succès mondiaux d’artistes tels Carlos Santana, Rihanna…ou Buena Vista Social Club !