Six chaînes africaines sont désormais disponibles via l’Adsl en France. Elles composent Le Bouquet africain qui est lancé ce mercredi dans l’Hexagone. Entretien avec François Thiellet, le fondateur et directeur général de la société Thema qui est à l’origine de ce bouquet.
François Thiellet a été le directeur de la première chaîne musicale française, MCM, puis de MCM International. En 2001, il fonde MCM Africa. Il dirige ensuite la chaîne Fashion TV. Depuis janvier 2005, François Thiellet est le président-fondateur de Thema. L’entreprise fournit des programmes multi-chaînes. Elle opère notamment dans les pays arabes, en Asie et en Afrique. En France, Thema s’est spécialisée notamment dans l’offre de chaînes ethniques (russes, turques, etc…). Son point fort, selon François Thiellet, son indépendance vis-à-vis des grands groupes de medias. La majorité de Thema est détenue par ses managers.
Afrik.com : Comment est née l’idée ce concocter ce Bouquet africain ?
François Thiellet : Deux éléments sont à l’origine de ce projet. Le premier tient au fait que j’ai pendant longtemps envoyé des programmes vers l’Afrique, notamment à travers MCM Africa, Fashion TV. J’ai estimé qu’il serait intéressant de faire l’inverse, de restaurer une sorte d’équilibre. La seconde raison est liée à l’opportunité de distribuer des chaînes ethniques. Depuis trois ou quatre ans, les offres IPTV ont ouvert ce marché : les opérateurs proposent des chaînes russes, turques, chinoises… Pourquoi n’y aurait-il pas de chaînes africaines alors que les communautés africaines sont importantes en France ? En somme, Le Bouquet africain est le produit de la rencontre d’une envie et d’une opportunité technique et financière.
Afrik.com : : La RTS, la 2sTV pour le Sénégal, la CRTV pour le Cameroun, l’ORTM pour le Mali, la RTI pour la Côte d’Ivoire et la RTB, pour le Burkina Faso. Six chaînes africaines représentant cinq pays. Quels sont les critères qui ont prévalu au choix des premières chaînes de ce bouquet ?
François Thiellet : Le choix s’est d’abord opéré en fonction de l’importance des communautés. Il a fallu déterminer les communautés africaines francophones les plus importantes. Ensuite, nous nous sommes interrogés sur la faisabilité technique du projet : sélectionner les chaînes de bonne qualité et penser à la façon de les ramener.
Afrik.com : Le Mali, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, on comprend bien la présence des chaînes de ces pays dans le bouquet compte tenu de l’importance de ces communautés en France. Mais la diffusion d’une chaîne burkinabé est moins évidente…
François Thiellet : La présence de la RTB dans ce bouquet est un peu plus inattendue mais nous avons une tendresse particulière pour le Burkina Faso, patrie de la fiction africaine. C’est le pays du cinéma africain : il accueille tous les deux ans le Fespaco. Par ailleurs, nous avons d’autres projets avec le Burkina…
Afrik.com : Quelles sont les principales contraintes pour diffuser des chaînes africaines en France ?
François Thiellet : Il y a une double contrainte. D’abord, comment arriver à acheminer le signal de base ? C’est simple pour certaines chaînes et plus difficile pour d’autres. Ensuite, il y a le problème des droits des programmes diffusés sur ces chaînes, notamment quand il s’agit s’événements sportifs. Les droits acquis sont généralement valables pour les territoires nationaux. On a donc l’obligation d’occulter les programmes concernés. Il est important que nous nous pliions à cet impératif majeur auquel sont soumises nos chaînes partenaires. Au début, les émissions seront donc occultées mais nous pensons par la suite à des programmes de substitution produits par les télévisions concernées.
Afrik.com : Le Bouquet africain sera commercialisé à partir de ce mercredi ?
François Thiellet : Nous proposons Le Bouquet africain depuis une semaine chez Neuf Cegetel via la Neuf Box. C’est ce nous appelons dans notre jargon la période de « Soft Launch ». C’est une période pendant laquelle le bouquet est proposé gratuitement. A compter de mercredi, Le Bouquet africain sera commercialisé à 6,90 euros TTC.
Afrik.com : Neuf Cegetel vous permettra-t-il de toucher l’audience qu’aurait peut-être pu offrir Orange (France Télécom), l’opérateur historique, ou encore l’opérateur IPTV Free ?
François Thiellet : J’ai commencé avec celui qui a été le plus réactif et qui s’est engagé à investir dans une campagne de promotion. Neuf Cegetel, c’est tout de même plus de 800 000 abonnés, ce qui n’est pas loin de ceux qui le sont à Free. L’idée, c’est évidemment qu’un large public ait accès à ce Bouquet africain. Nous sommes en discussion avec l’ensemble des opérateurs câble et ADSL afin que ce bouquet soit disponible dans leur offre.
Afrik.com : Sur quelles bases fonctionnent votre partenariat avec ces chaînes africaines qui participent au Bouquet africain ?
François Thiellet : Nous avons un accord qui stipule que nous prenons en charge les coûts techniques et les coûts marketing. Les chaînes sont rémunérées par rapport au nombre d’abonnés.
Afrik.com : Y-a-t-il une chaîne que vous auriez aimé avoir dans ce bouquet que vous n’avez pas ?
François Thiellet : Une chaîne congolaise (RDC, ndlr).
Afrik.com : Le Bénin et le Togo ne vous intéressent pas ?
François Thiellet : Il y a plus de Congolais que de Togolais et de Béninois en France… Le critère numérique reste important. Mais dans tous les cas, le bouquet va s’étoffer progressivement et sera complétée par une offre VOD pour devenir une offre de l’audiovisuel africain. On a très peu accès aux productions africaines, que ce soient des téléfilms, séries ou tout simplement qu’il s’agisse de cinéma. Nous souhaitons remédier à cela et c’est dans ce sens que nous allons évoluer.
Afrik.com : Pourquoi avez-vous jusqu’ici si peu communiqué sur le lancement de ce bouquet africain ?
François Thiellet : Nous voulions d’abord nous assurer que la période d’essai gratuite serait concluante avant de communiquer plus largement. Nous allons lancer dans les prochains jours une vaste campagne de promotion dans les médias concernés.
Afrik.com : Vous vous êtes associé dans ce projet à Canal Overseas Africa, qui distribue Canalsat Horizons en Afrique. Pourquoi ?
François Thiellet : Canal Overseas Africa est un partenaire technique et éditorial. Le groupe constitue un atout pour nous d’un point de vue technique et relationnel. Ils ont une expérience considérable dans l’audiovisuel africain. Ils avaient déjà des partenariats avec certaines des chaînes avec lesquelles nous travaillons dans le cadre du bouquet. Ils sont un véritable atout, et ils ont accepté et souhaité nous accompagner dans ce projet.
Afrik.com : Peut-on imaginer un bouquet qui reprendrait la production nigériane de téléfilms et de séries qui ont beaucoup de succès en Afrique ?
François Thiellet : Nous envisageons de faire quelque chose, mais je ne sais pas encore quelle forme cela prendra. Nollywood dispose d’une production foisonnante qui mérite d’être mise en valeur. Nous avons déjà noué des contacts dans ce sens.
Afrik.com : Combien d’abonnés au Bouquet africain espérez-vous ?
François Thiellet : Beaucoup. Plus, ce serait encore mieux !
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