La téléphonie sur « ip » communément appelé en Afrique de l’ouest « Appels sur Internet » a le vent en poupe dans plusieurs grandes métropoles africaines. Une aubaine, qui permet aux Abidjanais, de diviser jusqu’à cinq fois les prix des appels internationaux proposé par l’opérateur national.
De notre correspondant à Abidjan Mamadou Mbengue
Téléphoner par l’Internet. Cette nouvelle forme de communication ne cesse de séduire les masses en Afrique à tel point qu’elle est en train de ravir la vedette à la téléphonie sur le fixe local traditionnellement offerte par les grandes sociétés nationales de télécommunication. Des prix à l’international divisés jusque par cinq pour une concurrence impitoyable dont ne sauraient de plaindre les usagers.
Les raisons principales de cet engouement s’explique du fait du coût très faible de la communication : 150 à 200 F CFA la minute pour joindre un parent émigré à Paris, New York ou Montréal. Il est devenu plus facile, à Abidjan, d’appeler un parent à Bruxelles, Rome, Paris ou Bonn qu’un membre de sa famille resté au Mali ou Burkina Fasso voisins. Une curiosité que beaucoup gens n’arrivent pas à comprendre en comparant la distance entre Abidjan et Paris ou Bruxelles et la distance entre Abidjan et Bamako ou Ouagadougou.
Acheter des minutes aux Etats-Unis
Les sociétés de mobiles telles que Orange et Telecel offrent certes des cartes prépayées à leurs abonnés pour payer leurs appels moins chers, mais il s’agit de cartes généralement consommées sur le plan national et non international. Ce qui a permis aux appels sur Internet de tisser un marché aujourd’hui en plein boom. Les origines du système viennent surtout des gérants de cybercafés.
« Pour pouvoir faire des appels sur Internet, il faut en premier lieu acheter des unités aux Etats-Unis avec l’aide d’une carte de crédit ou sinon avec une connaissance établie dans ce pays pour faire ses approvisionnements », explique Kone Yacouba, gérant d’un cybercafé à Abidjan. « Il faut ensuite acheter un appareil, une sorte de modem, pour se connecter au serveur localisé aux Etats-Unis. Deux marques : Ipstar ou Inotalk[[<**>Les « modems » bénéficient d’une sortie Internet et d’une sortie téléphone ce qui fait que l’on peut y brancher directement le combiné d’un téléphone classique.]]. Le reroutage explique que les appels ivoiriens en partance vers l’Europe ou l’Amérique soient beaucoup moins chers que si l’on devait appeler un autre pays d’Afrique. Car malgré que l’on appelle en Afrique, le serveur considère que l’appel est fait depuis les Etats-Unis.
Cinq fois moins cher pour appeler la France
Aujourd’hui beaucoup de ces opérateurs nous confient que la téléphonie sur Internet leur permet de faire une recette de 60 000 à 70 000 F CFA. Une somme qui peut monter jusqu’à 150.000 F CFA. Cette montée en puissance laisse un profond malaise chez Côte d’Ivoire Telecom (Citelcom ). Car elle occasionne un considérable manque à gagner pour l’opérateur national – actuellement en situation de monopole – dont beaucoup jugent la facturation à l’international trop élevée comparée aux coûts d’appel sur Internet. Il faut en effet compter 1 000 F CFA la minute pour un appel sur la France, et 500 F CFA la minute pour les appels dans la sous-région (Mali, Sénégal, Burkina, Guinée).
Consciente des opportunités de ce nouveau marché, Afripa Telecom, une entreprise privée présente aussi au Bénin a pu s’adapter et créer une gamme complète de cartes prépayées compatibles avec les appels sur Internet. Il suffit d’être abonné à Afripa. Cette nouvelle reconversion d’Afripa Telecom a été rendu possible grâce à l’entente qu’elle a conclu avec Côte d’Ivoire Telecom, qui détient actuellement le monopole dans le pays, où elle s’engage à lui payer une redevance.
La libéralisation des télécoms est annoncée pour 2004 et les perspectives s’annoncent prometteuse en Afrique Avec notamment des produits tel que le Ticket Surf inauguré récemment par la Sonatel Multimedia au Sénégal, on peut dire que les nouvelles technologies de l’information représentent un domaine indispensable pour aider à l’Afrique à combler le temps perdu.
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