Dans son dernier film, le Mauritanien Abderrahmane Sissako » attend le bonheur » à Nouadibhou en compagnie de personnages attachants et hauts en couleurs, au sens propre comme au figuré. Sérénité, calme et volupté sur les bords de l’Atlantique.
» J’aime le cinéma en tant que prétexte et j’aime que mes personnages soient des prétextes « , aime à dire le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako. Son dernier film En attendant le bonheur, est un magnifique prétexte à dire et filmer le déracinement, les relations entre le Nord et le Sud et l’apprentissage de la vie.
Sorti la semaine dernière en France, il a déjà reçu les faveurs de la critique… et du public. » C’est vraiment très beau « , souffle Jeannine, 50 ans, à la sortie d’une salle parisienne. » C’est comme un voyage hors du temps, on ne sait plus où l’on est. » Son voisin de toile renchérit : » Les images sont magnifiques, ça donne envie d’aller en Mauritanie ! »
Ville de transit
Pourtant, dans le film, la plupart des hommes échoués à Nouadhibou (au nord de la Mauritanie) cherchent justement à quitter le pays pour aller tenter leur chance en Europe. » Nouadhibou est une ville de transit. On y vient pour gagner un peu d’argent avant de partir vers un ailleurs. Cette ville ne m’est pas indifférente puisqu’il y a quelques années, j’y ai transité avant mon départ pour la Russie où j’allais étudier à l’école de cinéma de Moscou. Ces lieux sont comme des parenthèses, ce sont des lieux provisoires. Au Mali, ils portent un nom : heremakono, c’est-à-dire en attendant le bonheur « , explique le réalisateur.
Ainsi, dans un enchaînement de plans poétiques Abderrahmane Sissako filme Abdallah, jeune homme sur le départ qui ne comprend pas le hassanya, la langue locale, Khatra, petit apprenti électricien facétieux et son mentor, le patient Maata, Nana, la belle voisine… Des destins qui se croisent au milieu de voiles multicolores, portés par le vent et balayés par le sable blanc. La force du sixième long métrage du réalisateur, hormis la très belle maîtrise des images, est de faire cohabiter ce lyrisme avec un humour visuel délicat. Le film a reçu le Prix de la Critique internationale au dernier Festival de Cannes dans la catégorie Un certain Regard.
En attendant le bonheur de Abderrahmane Sissako, Mauritanie, 1h35, sortie française le 15 janvier.
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