Le Blues américain a ses racines en Afrique et notamment au Mali, pays de grande tradition musicale. La compilation Putumayo Mali to Memphis établit un remarquable pont entre les deux continents. Et rassemble deux musiques qui partagent la même sensibilité.
Quel rapport entre le Blues américain et la musique malienne ? Apparemment aucun. Sauf qu’à bien écouter les deux différentes styles et à mettre de côté ses a priori culturels, on se rend compte que tous deux cultivent la même sensibilité. Toute deux parlent à l’âme et transpirent la même authenticité. Spécialiste internationale de la compilation, le label world Putumayo a organisé pour nous la réunion des genres dans Mali to Memphis. Une rencontre naturelle et mélomane à découvrir et à partager.
La compilation jouit d’une belle harmonie musicale. Ainsi vous ne serez pas choqué de voir des grands bluesmen américains comme John Lee Hooker et Muddy Waters côtoyer Boubacar ou autre Rokia Traoré dans une même sélection. Musiques sœurs, musiques complices, quand le Mali rencontre le Blues on ne crie pas au mariage contre nature. Bien au contraire. Car il s’agit de deux fleurs, issues d’une même racine : l’Afrique. A l’écoute du morceau de l’Américain Eric Bidd, le lien entre le Blues et le continent est manifeste. A tel point que l’on s’attend presque à ce que s’élève un chant bambara à l’issue de l’intro de « Don’t ever let nobody drag your spirit down ».
Musiques vraies
Quel nom mettre sur la musique malienne ? Avec le dialogue, tout en acoustique, entre les voix et les instruments, avec la force évocatrice et la vérité qui se dégagent des morceaux, d’aucun la qualifieront spontanément de Blues malien. Ce qui relève, il faut l’avouer d’un certain ethnocentrisme occidental. Car se sont assurément les esclaves, durant la traite négrière, qui ont apporté avec eux la semence du Blues que l’on connaît aujourd’hui. Tout est heureusement expliqué dans le petit livret accompagnant le disque. Encore faut-il pouvoir lire l’anglais. Le Label américain n’a malheureusement pas pensé à une version française. Si on est étonné de constater que l’album est déjà vieux de 4 ans, il faut rappeler que Putumayo n’était alors pas présent sur les marchés francophones. C’est uniquement en 2002 qu’il a (enfin) décidé d’être présent en France et ailleurs.
La compilation aligne, côté malien, une solide brochette de stars. A côté des deux grandes vedettes précédemment citées, nous pouvons ajouter Habib Koité (Découverte RFI 1993) ou encore le remarquable duo Amadou et Mariam, dont l’album a été salué par la critique internationale. L’armada malienne est en place. Tous à la hauteur de leur tâche, chacun apporte sa pierre à l’édifice. Au final, Mali to Memphis se révèle être un bon cru aux choix artistiques judicieux. Une valeur sûre.
Mali to Memphis, Putumayo, 1999
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