Le Bénin freine la vente de la récade du Roi Béhanzin en France


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Béhanzin 1895
Par Alexandre d'Albéca — From La France au Dahomey

Le Bénin a réussi à suspendre la vente de la récade du roi Béhanzin, un symbole historique majeur, prévue aux enchères à Paris. Cet événement relance le débat sur la restitution des biens culturels africains spoliés pendant la colonisation.

Le sceptre royal, connu sous le nom de récade, attribué au roi Béhanzin du Dahomey, a récemment fait parler de lui en France. Cet objet, empreint d’histoire et de symbolisme, était destiné à une vente aux enchères le 20 décembre dernier à Paris. Cependant, à la demande expresse du gouvernement béninois, cette pièce a été retirée du catalogue à la dernière minute. Cet événement met en lumière des enjeux diplomatiques et patrimoniaux qui dépassent les frontières.

La récade : trésor culturel ou butin colonial ?

La récade, sceptre sculpté d’environ 50 cm, était bien plus qu’un simple objet pour le Royaume du Dahomey. En son temps, elle conférait à son détenteur une autorité légitime, symbolisant le pouvoir royal. Cet artefact particulier, orné de métal et représentant une main saisissant un foie, aurait été remis à un officier français lors de la reddition du roi Béhanzin face aux troupes coloniales.

Cependant, cette version est vivement contestée par plusieurs voix béninoises, qui dénoncent un « pillage » colonial. Selon l’historienne de l’art franco-béninoise Marie-Cécile Zinsou, cette vente reflète un mépris du contexte historique et des récents efforts de restitution entrepris par la France.

Un retrait obtenu de haute lutte

Face à la controverse, les autorités béninoises n’ont pas tardé à agir. Le jour même de la vente, la Présidence béninoise a sollicité le Service des musées de France. À la suite de cette intervention, la maison de vente Millon, bien qu’initialement réticente, a retiré la récade de son catalogue. Cette décision, prise avec l’accord du propriétaire anonyme, illustre une coopération diplomatique subtile mais efficace. Toutefois, l’objet reste strictement « à vendre », laissant planer l’incertitude sur son sort.

Cet épisode relance le débat sur la restitution des biens culturels africains spoliés pendant la colonisation. En 2021, la France avait restitué 26 œuvres au Bénin, un geste salué mais jugé insuffisant par de nombreux observateurs. L’affaire de la récade souligne le chemin restant à parcourir pour garantir que les trésors culturels africains retournent à leurs terres d’origine.

Quelles perspectives pour la récade ?

Le Bénin pourrait désormais envisager deux options diplomatiques : négocier une restitution avec la France ou détenir l’objet sur le marché privé. Ces démarches s’inscrivent dans une volonté plus large de réappropriation de son patrimoine historique, essentiel pour transmettre la mémoire culturelle aux générations futures.

Le retrait de la décennie de la vente constitue une étape cruciale dans la reconnaissance des injustices historiques liées au pillage colonial. Cependant, tant que cet objet demeure en possession privée, le combat pour sa restitution reste inachevé. Cette affaire illustre l’importance pour les nations africaines de poursuivre leur quête pour récupérer leur héritage culturel.

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