Un reportage de RFI évoque le Bénin comme » un pionnier devenu lanterne rouge » africaine en terme d’Internet. La réalité est sans doute plus complexe, en dépit d’un retard technologique avéré.
» Téléphone portable, développement informatique ou Internet, à chaque fois le pays est à l’avant-garde, avant de se laisser dépasser par tous ses voisins pour finir bon dernier. » Tel est le diagnostic sans appel formulé par Philippe Quillerier-Lesieur, un confrère de Radio-France Internationale (RFI) dans un reportage – par ailleurs très intéressant – publié sur le site de la radio ce week-end.
L’auteur cite des témoins qui, pour l’essentiel, évoquent le » piétinement » politico-administratif pour justifier du retard pris par le pays en terme de nouvelles technologies. Autre plaie de l’Internet béninois, la lenteur des connexions est une réalité quotidienne dont personne ne peut douter, pour autant qu’il essaie de communiquer en ligne avec le pays. 50 kilobits par seconde, c’est une » vitesse » qui interdit de consulter bien des sites, sans même parler du dialogue en ligne. On peut y ajouter le coût encore excessif des communications, de l’ordre de 1 500 francs CFA (environ 15 francs français) de l’heure.
Pas si mal que cela
Pour autant, la situation du Bénin par rapport à l’Internet n’est en rien comparable à celle des pays sahéliens ou de la Corne, où les connexions peuvent se compter en dizaines tout au plus. Ken Lohento, auteur en 1997 d’un mémoire sur Internet – actualisé depuis -, a décompté les utilisateurs béninois. De 850 en 1996, les dépositaires d’une connexion sont passés à 1520 en 1997, et à plus de 3 000 l’année suivante. En extrapolant les résultats de 1997, on peut supposer que les internautes béninois sont désormais plus de 25 000 (RFI parle de 20 000), en comptant évidemment ceux qui partagent une connexion.
Malgré les difficultés, plus de 75 % des internautes y consultent régulièrement des sites web, et pas seulement leurs e-mails. L’intérêt du pays pour le Réseau des réseaux est également attesté par le dynamisme des entreprises béninoises se pressant sur l’étroit marché local, la première d’entre elles étant le très officiel Office des postes et des communications (OPT).
Selon Ken Lohento, les freins principaux au développement de l’Internet dans le pays sont de même nature que ceux que l’on peut observer ailleurs dans l’Afrique de l’Ouest : faiblesse des structures informatiques et téléphoniques, manque relatif d’investissements privés, … Avec cette différence : le Bénin est plus pauvre que ses voisins, parce que ses ressources naturelles sont faibles – un cas inhabituel en Afrique. Mais n’est-ce-pas justement l’origine du dynamisme local… et donc un facteur d’espoir pour l’avenir technologique du pays ?