L’élection présidentielle béninoise va-t-elle ouvrir une seconde crise électorale en Afrique de l’Ouest ? L’éternel opposant et candidat malheureux du scrutin, Adrien Houngbédji, juge les résultats officiels provisoires favorables à Thomas Boni Yayi « nuls et non avenus» et se considère comme le «président élu».
Adrien Houngbédji avait averti qu’il refuserait un « hold-up électoral ». Il a annoncé lundi soir qu’il rejetait les résultats officiels provisoires et a appelé les Béninois à descendre dans la rue pour faire entendre leurs voix. Celui qui avait reconnu sa défaite en 2006 opte cette fois pour le rapport de force.
Résultats contestés
Face à Thomas Boni Yayi, le président sortant, réélu dès le premier tour avec plus de 50 % des voix, la Commission électorale nationale autonome (Cena) place Adrien Houngbédji deuxième, avec 35,6 % des suffrages. Ce dernier a contesté les résultats en évoquant des « fraudes massives dans le nord du pays », et s’estimant ainsi vainqueur avec 44 % des scrutins « minimum », dès l’annonce des résultats du vote qui s’était déroulé dans le calme le dimanche 13 mars. Depuis, ses statistiques personnelles se sont affinées, il prétend désormais être crédité de 47 % des voix et s’affiche comme le « président-élu » des Béninois. « La proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle est une preuve supplémentaire du complot et de la collusion ourdie contre la démocratie béninoise. Je n’accepterai pas cela », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse lundi soir.
Recours électoraux
Concernant les accusations de fraudes, l’opposant historique, âgé de 69 ans, a notamment pointé du doigt « des exclusions de plusieurs centaines de milliers de Béninois du droit de vote ainsi que des fraudes massives allant des faux bulletins jusqu’aux bureaux de vote fictifs ». Le clan Houngbédji prévoit de « s’opposer par tous les moyens à cette proclamation », sans vraiment préciser s’ils feront appel des résultats validés par la Cour constitutionnelle.
Pour l’heure, Adrien Houngbédji compte sur ses partisans pour faire monter la pression, mais la contestation ne prend pas. Les Béninois ont tourné la page des élections et ont repris leurs activités, écartant ainsi le spectre d’une
« ivoirisation » du conflit post-électoral. Du coté des vainqueurs, la contestation n’inquiète pas. « Si Houngbédji conteste les résultats provisoires, c’est son droit. Il doit amener les preuves et former un recours auprès de la Cour constitutionnelle. Quant à se déclarer comme élu, ça veut dire que le ridicule ne tue pas et qu’il ne se comporte pas en dirigeant responsable », a déclaré le porte-parole du président sortant, Marcel de Souza, sur RFI.
Si des recours sont déposés, la Cour constitutionnelle devrait proclamer les résultats définitifs en milieu de semaine prochaine.
Lire aussi : Le Bénin, toujours un exemple pour l’Afrique ?