L’album Le Ballet National de Guinée Conakry invite Bertrand Renaudin est sorti le 6 mai dernier. Tradition, création et improvisation sont les maîtres mots de cette œuvre musicale collective, née d’une collaboration entre le Ballet National de Guinée Conakry, crée en 1960 et regroupant les meilleurs musiciens et chanteurs du pays, et le batteur et compositeur français Bertrand Renaudin, éternel amoureux de l’Afrique. Un projet de fusion musicale reposant sur une réelle volonté de métissage. Inédit et réussi.
C’était un pari osé pour Bertrand Renaudin, et il l’a fait. L’album Le Ballet National de Guinée Conakry invite Bertrand Renaudin est enfin disponible à la vente. Une œuvre restée dans l’ombre durant douze longues années avant que la maison de disque Cristal Records n’accepte de la produire. « Vous n’imaginez pas ma joie lorsque cette bande son a enfin pu être distribuée à grande échelle. Cette expérience m’a fait vivre des émotions que j’ai rarement ressenties à ce point, c’était important pour moi de les faire partager », exulte Bertrand Renaudin.
Batteur et compositeur, ce grand connaisseur de l’Afrique et de sa musique, s’est vu proposer un projet original par le directeur du Centre Culturel Français de Conakry, Ghislain Mérat. « Il voulait un projet unique, une jonction entre la musique africaine du Ballet National de Guinée Conakry et la mienne. Une fusion, un mélange entre composition, tradition et improvisation », relate Bertrand Renaudin. Il n’en fallait pas plus au musicien et les rendez-vous sont pris pour la semaine suivante. « J’ai fait un tour pour regrouper des musiciens et des chanteurs appartenant au ballet et prêts à participer à cette collaboration. J’avais des compositions à moi que je leur ai proposé et appris note après note. Ils se les sont appropriés et on a pu faire des arrangements », explique-t-il.
« J’ai été envisionné par l’Afrique »
Ce projet d’enregistrement a donc bénéficié du savoir faire du Ballet National de Guinée Conakry, crée dans les années 1960, de l’apport du regretté chanteur et saxophoniste Momo Wandel Soumah, qui a servi d’intermédiaire entre les deux cultures musicales, et de la contribution du batteur français. « Il a fallu désaccorder les balafons, défendre mes suggestions de chanter en onomatopées, la place des solos, les propositions et adaptations des chansons traditionnelles, composer avec la santé du frère, de la sœur, du cousin, avec les imprévus de disponibilités, avec les turbulences de la météo. Et pourtant, ces moments, nous les avons vécus dans la magie de la plénitude et de l’osmose », raconte ce dernier.
Ce travail, parfois laborieux, a demandé une certaine harmonie, mais aussi de la patience. Car comme le souligne Momo Wandel Soumah, alors que Bertrand Renaudin s’étonne de voir ses musiciens somnoler sur le sol pendant ses explications, « toi tu as la montre, mais nous, nous avons le temps ». Une semaine aura finalement suffit pour donner naissance à cet ensemble musical enfin accessible au grand public. A la croisée des rythmes, cette musique aux influences métissées nous prend pour ne plus nous lâcher. Un mélange étonnant et détonnant.
Alors, comme Bertrand Renaudin le dit si bien, « laissez-vous envisionner, émerveiller et ensoleiller » par cette musique riche en partage et en complicité.