De multiples cérémonies auront lieu vendredi en France à l’occasion de la « Journée nationale du souvenir des victimes de l’esclavage ». Une première pour célébrer la mémoire des esclaves des anciennes colonies françaises d’Amérique et de l’Océan indien. Un hommage organisé par leurs descendants. Parmi les événements qui se tiendront, à Paris et à Saint-Denis (93), près de 30 000 noms d’esclaves de la Guadeloupe et de la Martinique seront exposés.
Désormais, le 23 mai sera une journée commémorative officielle pour les personnes originaires d’Outre-mer en France. A l’occasion de ce premier 23 mai reconnu par la République, les associations ont voulu voir grand. Des cérémonies seront donc organisées en France et notamment à Saint-Denis, en banlieue parisienne, et au Sénat. « Le gouvernement a enfin compris la nécessité d’honorer la mémoire des esclaves », souligne Serge Romana, président du Comité Marche du 23 Mai 1998 (CM98), l’organisation qui est le fer de lance de ces manifestations. Après avoir bataillé pendant des années pour obtenir l’officialisation de cette date, « ce n’est que justice », explique-t-il.
« Les noms de l’abolition » : une exposition attendue
Vendredi, 183 panneaux seront exposés sur lesquels sont compilés près de 30 000 noms appartenant aux Guadeloupéens et aux Martiniquais esclaves qui furent nommés à partir de 1848, date de l’abolition de l’esclavage. Jusqu’alors, chaque esclave n’était nommé que par un prénom et un numéro de matricule. Ce travail de recherche fastidieux a demandé des années d’efforts de la part du Centre de Généalogie du CM98 comme l’explique Emmanuel Gordien , vice-président de l’association et dirigeant du Centre : « Chaque descendant d’esclave est en droit de faire des recherches sur ses origines. Notre structure est là pour les aider dans leurs démarches ». Cette exposition sera pour les Antillais « l’occasion de retrouver le prénom des premiers qui portèrent leurs noms de famille » et de connaître ainsi leur filiation, ajoute t-il.
Une date commémorative supplémentaire
Désormais, sept dates commémoreront l’abolition de l’esclavage : cinq pour les départements d’outre-mer, la date du 10 mai et celle du 23 mai, qui n’est pas de trop pour les associations qui ont tant combattu pour l’obtenir. En célébrant le 10 mai seulement, l’honneur revenait aux abolitionnistes, estiment les associations de défense du 23 mai. « La logique veut qu’il y ait qu’une date, mais deux mémoires s’affrontent. Celle de l’abolition a été entretenue pendant longtemps par la République. Hors pour tout crime contre l’humanité, la mémoire des victimes doit être honorée », explique M. Romana. De plus, « notre objectif est d’établir un nouveau pacte citoyen entre habitants de la métropole et descendants d’esclaves, et ainsi éviter tout ressentiment », ajoute-t-il. D’où l’importance du 23 mai.
En souvenir de la marche de 1998
Comme le souligne le Premier ministre François Fillon dans la circulaire du 29 avril 2008, cette date rappelle avant tout « la marche silencieuse du 23 mai 1998 qui a contribué au débat national aboutissant au vote de la loi Taubira (en 2001, ndlr) reconnaissant l’esclavage comme un crime contre l’humanité ». « S’il n’y avait pas eu cette grande marche de 1998, il n’y aurait jamais eu de reconnaissance de l’esclavage comme « crime contre l’Humanité », » rappelle le délégué interministériel à l’égalité des chances des Français d’Outre-mer, Patrick Karam.
Pendant 150 ans, la République n’avait pas pris en charge la mémoire des victimes de l’esclavage. 160 ans après, c’est chose faite. Ce nouveau rendez-vous annuel sera célébré dignement dans l’avenir.
Pour plus d’informations :
Le programme du vendredi 23 mai 2008
Le site du CM98
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