Laurent Gbagbo : le début de la fin ?


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Partis du quartier Abobo, fief de la contestation à Abidjan, les combats gagnent peu à peu tous les quartiers de la capitale ivoirienne. Les Forces nouvelles (FN) alliées Alassane Ouattara contrôle le nord du pays. Pour l’Onu, Laurent Gbagbo perd progressivement du terrain.

Les choses se compliquent pour le président sortant de la Côte d’Ivoire. En lançant samedi une offensive appuyée par des moyens aériens sur Abobo, fief de la contestation armée depuis la présidentielle du 28 novembre dernier, Laurent Gbagbo espérait déloger les « rebelles » des Forces nouvelles (FN), qui depuis plusieurs semaines défient l’armée qui lui est restée loyale. Cette opération n’a pas porté ses fruits et les FN sont toujours maîtres de la plupart des secteurs du quartier. Pendant ce temps, plusieurs nouveaux théâtres d’affrontements ont été ouverts dans la ville.

« Nous sommes dans l’horreur ici à Abobo. Les télévisions étrangères annoncent 5 ou 6 morts à la suite des combats à l’arme lourde, mais les morts se comptent ici par dizaines. Nous assistons ici à un véritable carnage dont Gbagbo est à l’origine. Les ressortissants du Nord sont harcelés lors des contrôles d’identité. J’ai la femme d’un ami, accompagnée de deux autres collègues, qui s’est rendue à Williamsville (un autre quartier de la ville d’Abidjan) pour son travail. Les trois femmes, originaires du Nord, ont été interpellées par des miliciens. Leurs pièces d’identité ont été saisies, puis elles ont été conduites dans le camp de CRS de Williasmsville. Dieu merci, elles ont pu en réchapper grâce à l’intervention d’un élément des Forces de défense et de sécurité de Laurent Gbagbo que l’une d’elle connaissait. Face aux miliciens cagoulés, c’est l’impuissance totale. Les forces loyalistes tentent parfois de les raisonner, mais ils sont inflexibles. Depuis trois jours, nous respirons un peu, les tirs ont cessés parce que les rebelles des Forces Nouvelles ont repoussé les miliciens de Gbagbo hors d’Abobo. Ces derniers ont demandé aux gbakas (transports en commun) d’arrêter de circuler aujourd’hui (ce mardi) pour mieux sécuriser le quartier et parer aux intrusions des forces loyales à Laurent Gbagbo. Nous sommes enfermés dans Abobo : on ne peut pas entrer, on ne peut pas sortir. »

Témoignage d’un habitant d’Abobo

Lundi matin, les insurgés favorables à Alassane Ouattara ont lancé pour la première fois, une attaque à Yopougon, le fief de Laurent Gbagbo dans la capitale ivoirienne. Des tirs auraient été durés plusieurs heures devant le domicile privé du général Philippe Mangou, chef d’état-major des forces du président sortant, qui habite ce quartier. Dans la journée, des combats ont été signalés dans plusieurs secteurs stratégiques de la ville. C’est le cas d’Adjamé (nord), mais aussi celui de Williamsvilles où se trouvent deux importants camps militaires, dont la gendarmerie d’Agban. Dans leur progression, les FN se rapprocheraient de Cocody et de Koumassi. Situé au quartier du Plateau au sud d’Adjamé, le palais présidentiel n’est pas loin de ce théâtre surchauffé.

Au nord du pays, les forces fidèles à Laurent Gbagbo perdent du terrain. Selon la Mission de l’Onu en Côte d’Ivoire (ONUCI), les forces favorables à Alassane Ouattara contrôle désormais presque toute la région.

Les pro-Gbagbo sont démoralisés selon l’ONU

Représentant spécial de l’ONU dans le pays, Young-jin Choi voit dans cette évolution des choses le début de la fin pour Gbagbo. « Nous sommes préoccupés par la souffrance de la population. Il y a environ 400 morts. Mais il y a des signes prometteurs qui annoncent le commencement de la fin. La population est confiante dans la vérité des élections ce qui signifie que la population ne soutient pas le camp du Président Gbagbo. Deuxième signe, les mesures financières commencent à faire effet. Le camp du Président Gbagbo commence à avoir des difficultés pour payer ses fonctionnaires et ses soldats », a-t-il déclaré lundi sur RFI. « Le moral n’est pas très haut. Regardez les activités des protagonistes du camp du Président Gbagbo : au début, ils étaient très actifs, mais ces jours ci, il n’y a presque rien. Militaires, civils, Jeunes patriotes ne sont plus très actifs. Aussi si vous regardez la télévision à 20 heures, cela devient beaucoup plus calme et beaucoup moins agressif », a-t-il ajouté.

La semaine dernière, l’Union africaine a exhorté Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir. Mais celui-ci ne semble pas prêt à céder. Lundi, Charles Blé Goudé, son fidèle lieutenant a demandé aux « Jeunes patriotes » dont il est le chef, de se mobiliser. « Préparez-vous parce que dans les heures qui arrivent, vous allez répondre à un appel historique, le dernier appel historique pour libérer la Côte d’Ivoire », leur a-t-il lancé. De leur côté, les hauts gradés de l’armée ont renouvelé leur loyauté au président sortant. Mais la réalité du terrain semble contrarier leur détermination. Laurent Gbagbo est «progressivement asphyxié », a analysé le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé.

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