Ce dimanche, dernier jour du congrès constitutif de son nouveau parti politique, Laurent Gbagbo, a parlé. Retour sur les propos de l’ancien chef d’État ivoirien.
Les rideaux sont tombés ce dimanche sur le congrès constitutif du nouveau parti de Laurent Gbagbo, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA – CI). Le moment très attendu était celui du discours du président de ce parti, Laurent Gbagbo. Et comme à son habitude, l’ancien Président n’a pas fait la langue de bois. Plus d’une heure durant, le natif de Mama a tenu les congressistes en haleine, avec son style plein d’humour et d’anecdotes.
Un devoir de reconnaissance
Dans son intervention, l’ancien chef d’État a eu une forte pensée pour ses militants de Côte d’Ivoire, ceux-là qui se sont battus pour sa cause pendant son absence, dix ans durant : «Ils ont résisté, ils se sont battus dans les villages pendant 10 ans et aujourd’hui, ils sont là parce que tout le combat que nous avons mené, c’est eux, la résistance. Moi, on m’a arrêté, mais si personne ne porte mon combat, je suis oublié. Or, tant qu’il y a des personnes qui portent mon combat, jamais je ne serai oublié».
Le rappel des revendications
Il n’a pas oublié ceux qui sont toujours en exil non plus : «Il faut continuer de dire au gouvernement de Côte d’Ivoire, qu’il faut que nos frères exilés reviennent en Côte d’Ivoire. Si on a dépassé la difficulté, pourquoi accepter encore qu’il y ait des camarades en exil, j’en ai parlé avec le Président Ouattara et j’en reparlerai avec lui pour que tous ceux qui souhaitent revenir dans leur pays reviennent, sans rien craindre», a insisté l’ancien Président.
Il revient également sur sa requête de libération de ses proches qui sont toujours en prison, civils comme militaires : «Les gens sont partis en prison à cause de moi, je suis au-dehors, eux, ils font quoi dedans (en prison, ndlr), ils n’ont plus rien à faire en prison dès l’instant que je suis acquitté. Il faut que nos compatriotes qui sont en prison, qu’ils soient civils ou militaires, il faut qu’ils viennent nous retrouver dehors. C’est une logique», a-t-il clamé.
Le leader panafricaniste
Le manteau de leader panafricaniste, Laurent Gbagbo le revendique clairement : «Regardez le monde et voyez quels sont les puissants, ce sont les pays grands de taille, la Chine, les États-Unis, la Russie, le Canada. Tant que nous sommes dans des micro-États, nous ne sommes rien. Il faut que les États africains s’unissent !», a-t-il martelé, précisant que «le panafricanisme n’est pas un slogan, c’est une réalité».
L’indécrottable politicien
Et bien sûr, politicien jusqu’aux os, Gbagbo l’est. Et il ne s’en cache pas, n’en déplaise à ses adversaires : «Pourquoi vous voulez, maintenant que j’ai 76 ans, m’imposer un calendrier politique, moi Gbagbo ? L’homme qui est devant vous, vous ne le connaissez même pas. Moi, je ferai la politique jusqu’à ma mort, c’est moi seul qui déciderai sous quelle forme, je ferai mon combat. Il y a des gens plus vieux que moi qui font la politique. Donc ce débat-là, il faut l’arrêter et je ne voudrais surtout pas qu’il arrive à mes oreilles. Je ne suis pas en politique pour arranger ou déranger quelqu’un», tranche celui qui vient de signer son grand retour dans l’arène politique ivoirienne.
Et qui, certainement, aurait des ambitions pour 2025, même s’il dit vouloir passer la main : «Mon ambition, c’est de partir. (…) J’ai dirigé un parti, j’ai dirigé un pays, qu’est-ce que je cherche d’autre ? À cet âge-ci, après ce parcours-là, la sagesse, c’est de se préparer à partir. Mais, j’ai décidé de ne pas partir brusquement. La sagesse, c’est de se préparer à partir, mais je serai toujours avec vous, jusqu’à ce que mes yeux se ferment. (…) Je ne laisserai personne décider de quand je dois partir», a-t-il laissé entendre, énigmatique.
Va-t-il vouloir se présenter à la Présidentielle de 2025 ? À chacun d’interpréter les propos de l’ancien Président. Dans tous les cas, tout porte à croire que l’exécutif ivoirien introduira une limite d’âge à 75 ans pour mettre hors course Alassane Ouattara et les deux autres dinosaures de la politique ivoirienne, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, en 2025.
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