Prescott, un pionnier aux États-Unis dans les études sur la poésie des auteurs Colombiens noirs et grand ami de Manuel Zapata Olivella a eu un entretien avec la jeune journaliste Stéphanie Claytor à la Foire du Livre.
Bogota, Colombie. Lors de la 23ième Foire internationale du Livre qui s’est déroulée récemment, le Dr Laurence Prescott, professeur de Littérature Hispanique et Afro-latine à l’Université d’État de Pennsylvanie, a évoqué deux célèbres poètes afro-colombiens: Jorge Artel et Candelario Obeso.
Prescott a raconté à l’auditoire les voyages de ces poètes dans les pays des Caraïbes et des Amériques. Des observations suite à leurs voyages, les poètes ont pris connaissance de la vie de la population noire dans les Amériques au cours des XIXe et XXe siècles. Parmi leurs œuvres, on retrouve Cantos populares de mi tierra (Chants populaires de ma terre, Obeso, 1877) et Tambores en la Noche (Tambours dans la Nuit, Artel, 1940).
Prescott avait entendu parler de ces poètes lors de ses propres voyages. Pendant ses études à l’Université de l’Indiana, Prescott a assisté à des conférences de Manuel Zapata Olivella, un autre écrivain afrocolombien célèbre, qui a écrit Chambacu, Corral de Negros, entre autres œuvres.
Prescott se fascina pour les œuvres de Zapata lorsqu’il apprit qu’il y avait des noirs comme lui qui vivaient en Colombie. Il se mit en contact Zapata qui l’aida à publier son premier article sur la population afrocolombienne dans ce pays.
Cette expérience et l’échange culturel a permis à Prescott faire une demande et d’obtenir le Fulbright-Hays Fellowship en 1975 pour faire une recherche sur les écrivains afrocolombiens parmi lesquels Obeso, Zapata, et Artel.
Après deux ans de recherches dans de vieux livres de poètes, tout en faisant connaissance avec certains et leurs familles et en voyageant à travers la Colombie, l’Amérique Latine et l’Europe, Prescott a écrit son œuvre Candelario Obeso y la iniciación de la poesía negra en Colombia (1985), (Candelario Obeso et l’initiation de la poésie noire en Colombie ) qui lui a permis de recevoir son doctorat de l’Université de l’Indiana.
En 2000, il écrit le livre Sin odios ni temores: Jorge Artel y la lucha por la expresión literaria negra en Colombia.(Sans haine ni peurs: Jorge Artel et la lutte pour l’expression littéraire noire en Colombie).
Dans son exposé au Salon du Livre, Prescott a utilisé les expériences d’Artel et d’Obeso comme exemple pour démontrer pourquoi il est important que plus de jeunes afrodescendants voyagent.
« Voyage rime avec changement. C’est l’occasion d’apprendre quelque chose de nouveau, de vivre de nouvelles expériences et de rencontrer de nouvelles personnes. Cela agrandis votre connaissance du monde », déclare Prescott. « On est capable de s’identifier aux autres, de se libérer des limites de son propre environnement. »
Dans un sens, Prescott suggère que celui qui voyage perçoit davantage l’humanité des autres personnes et leurs similitudes et sera moins enclin à se focaliser sur les différences des autres.
Selon le gouvernement américain, seulement 28% de la population de votre pays détient un passeport. En considérant que le pourcentage d’Afro-Américains qui détiennent un passeport est beaucoup plus faible et que le reste de la population afrodescendante dans les Amériques doit avoir de l’argent mis de côté pour obtenir un visa de voyage – ce qui est très souvent impossible- il semble que Prescott soit dans le vrai a un bon point.
Nous, les noirs et les Afro-descendants, nous devons trouver un moyen, comme nos modèles, de voyager davantage. Cela permettrait un échange culturel et un meilleur développement de nos communautés.
Stephanie Claytor est journaliste diplômée de la Syracuse University et du programme Fulbright ETA à Bogotá. Spécialement pour Color de Colombia