La condamnation de quatre ans, dont deux avec sursis, de l’ancien président de l’IAAF, Lamine Diack, par la justice française, n’est pas du goût des journalistes sénégalais, qui disent leur indignation, d’autant que, disent-il, « Sepp Blatter et autre Michel Platini traînent des casseroles sans jamais avoir fait l’objet de condamnation ».
C’est avec une très grande indignation que le Directeur des publications du quotidien sportif RECORD apprécie le verdict. Selon Hubert Mbengue, en effet, « en tant que Sénégalais, Africain, vous imaginez que je suis meurtri par ce verdict. Sans épiloguer sur l’authenticité des faits qui sont reprochés à Lamine Diack, j’estime que la justice française aurait pu faire preuve d’humanisme pour un homme qui est en fin de vie. Oui alors que des Blancs comme Sepp Blatter ou Michel Platini trainent des casseroles sans jamais avoir fait objet de condamnation ».
De son côté, le rédacteur en chef du quotidien Vox Populi se pose des questions auxquelles il faut répondre, en particulier du côté de la justice française. « C’est un verdict qui ne m’a pas surpris. Depuis tout le temps qu’a duré le procès, la justice française a toujours instruit à charge contre Lamine Diack. Elle voulait établir la culpabilité de Lamine Diack et de son fils. Et le tribunal n’a fait que suivre. Il n’avait aucune chance de ne pas être coupable. C’est assez désolant. Ils reconnaissent qu’il y a eu financement d’une campagne électorale, mais sans preuve. Aucune preuve de la culpabilité de l’ancien président de l’IAAF. Dans cette affaire, il y a à manger et à boire. On a l’impression que seuls les Africains sont des incompétents et des corrompus. Où sont les corrupteurs ? Il y a problème. L’IAAF n’a pas établi la preuve de culpabilité de Lamine Diack »
Plus jeune et plus modéré, Idrissa Sané semble avoir un point de vue plus neutre. « En tant que Sénégalais, j’ai beaucoup de compassion pour la famille Diack. Après tout ce qu’il a fait pour le sport, voir Lamine Diack trainé comme cela est désolant. C’est une affaire de justice. Et quand on gère, on rend malheureusement toujours compte. On le compare souvent à Blatter et autre Platini. Je le prends avec beaucoup de pincettes. C’est une affaire d’argent et Lamine Diack avait parlé de cet argent qui a servi à financer la campagne. Ses avocats ont interjeté appel. Ils ont le bénéfice du doute. Je ne maîtrise pas trop le fond du dossier. Souhaitons que la famille Diack gagne cette bataille. Je ne suis quand même pas de ceux qui parlent d’acharnement », estime le chef de desk Sport du quotidien L’Observateur.