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Alors que le Maroc célébrait vendredi dernier sa majorité, la princesse Lalla Khadija s’impose désormais comme la représentante féminine de la famille royale. Discrète jusqu’à présent, la fille du roi Mohammed VI multiplie les apparitions officielles et comble le vide laissé par l’absence de sa mère, Lalla Salma, depuis 2018.
Longtemps tenue à l’écart de la scène publique, la jeune princesse Lalla Khadija assume depuis quelques mois une présence plus affirmée. Elle multiplie les apparitions aux côtés de son père et de son frère, le prince héritier Moulay Hassan. Cette évolution marque un tournant dans son rôle au sein de la monarchie. À l’instar des reines et princesses consorts dans d’autres monarchies, elle devient la première dame de fait du royaume jusqu’au mariage de Moulay Hassan.
Lalla Khadija a fait une entrée remarquée sur la scène diplomatique en octobre dernier, lors de la visite officielle du président français Emmanuel Macron. Sa présence aux côtés de Brigitte Macron a été largement commentée, la jeune princesse s’étant illustrée par son aisance et son élégance naturelle. Ce rapprochement entre la monarchie marocaine et l’exécutif français intervenait après une période de tensions diplomatiques, symbolisant un retour à des relations plus apaisées entre Rabat et Paris.
Excellence et polyvalence: le parcours d’une héritière royale
Comme son frère, Lalla Khadija a suivi une éducation stricte au Collège royal de Rabat, aux côtés des enfants des élites du pays. Polyglotte, maîtrisant l’arabe, le français, l’anglais et l’espagnol, elle s’est également distinguée par sa passion pour la musique, pratiquant la guitare classique et le piano. Outre les arts, elle excelle en natation et en équitation, des disciplines traditionnellement prisées par la famille royale marocaine.
Depuis son plus jeune âge, son père a veillé à préserver son anonymat et son enfance loin des projecteurs. Toutefois, les images d’elle, prises l’été dernier sur l’île de Mykonos avec sa mère, Lalla Salma,, ont marqué une rupture. Son apparition naturelle et détendue, vêtue d’une robe d’été fluide, a projeté une image de modernité au sein d’une dynastie marquée par un strict protocole.
Face aux défis dynastiques: un rôle stratégique pour la monarchie
Avec la santé fragile du roi Mohammed VI, contraint de limiter ses apparitions publiques après des interventions médicales, la nouvelle génération de la famille royale est appelée à jouer un rôle croissant. Si Moulay Hassan s’affirme progressivement comme le futur souverain, sa sœur cadette apparaît comme un atout indéniable dans le maintien du prestige monarchique.
Historiquement, la représentation féminine de la monarchie reposait sur les épaules des sœurs du roi – Lalla Meryem, Lalla Hasnaa et Lalla Asmae. Leur influence avait toutefois décliné après le mariage de Mohammed VI avec Lalla Salma en 2002, qui a introduit pour la première fois une princesse consort active sur la scène publique. Depuis la séparation du couple royal, la question de la représentation féminine au sein de la monarchie s’est posée. L’entrée en scène de Lalla Khadija semble ainsi répondre à cette nécessité de continuité protocolaire et d’image moderne du royaume.
Entre protocole et modernité: l’avenir d’une ambassadrice royale
Alors que le Maroc traverse une période de défis économiques marquée par la sécheresse et une conjoncture internationale tendue, la montée en puissance de la nouvelle génération royale permet de renforcer l’image de stabilité du pays. Le prince Moulay Hassan, bientôt âgé de 22 ans, se prépare à assumer davantage de responsabilités, tandis que sa sœur incarne une modernité qui séduit aussi bien la jeunesse marocaine que les observateurs étrangers.
La présence publique de Lalla Khadija, si elle continue sur cette lancée, pourrait se structurer autour d’engagements caritatifs et culturels. La princesse pourrait également jouer un rôle stratégique dans les relations diplomatiques, comme en témoigne sa mise en avant lors de la visite d’Emmanuel et Brigitte Macron à Rabat.
Le Maroc s’apprête donc à voir émerger une figure féminine de premier plan dans sa monarchie. Si Lalla Khadija poursuit sur cette voie, elle pourrait bien devenir une ambassadrice influente du royaume.