« Laïcité Inch’Allah », le film de Nadia El Fani, sort mercredi 21 septembre dans les salles de cinéma françaises. A travers le regard de cette réalisatrice franco-tunisienne, fille d’un des fondateurs du Parti communiste tunisien, le public découvre une Tunisie tolérante, ouverte, où la question de la laïcité se pose plus que jamais, à un mois des élections pour l’élaboration d’une nouvelle Constitution.
Le film de Nadia El Fani, « Laïcité Inch’Allah », sort mercredi 21 septembre dans les salles de cinéma françaises. Tourné en août 2010, en plein ramadan, rattrapée par la révolution tunisienne, le film pose la question de la laïcité dans un pays à majorité musulmane, où le premier article de la Constitution déclare : « la Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain: sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la république. » Une question qui se pose plus que jamais depuis la chute de l’ancien régime. Alors que les Tunisiens vont élire, le 23 octobre, leurs représentants chargés de rédiger une nouvelle constitution, le débat sur la laïcité, une notion nouvelle, méconnue, parfois rejeté parce que qualifiée d’occidentale, fait polémique. Ce qui a valu à sa réalisatrice un procès d’intention. Dès le 1er mai, les cybernautes se déchaînent, sur des comptes tels que « Pour qu’il y ait dix millions de crachats sur la tête de cette truie chauve » qui comptait alors 35 000 signataires.
Quelle diffusion en Tunisie ?
Le film, au départ intitulé « Ni Allah, ni maître », deviendra « Laïcité Inch’Allah ». Pourtant, à travers le regard de Nadia El Fani, le public découvre une Tunisie ouverte, où chacun est libre de jeûner ou non. « Mon film défend la laïcité, qui est selon moi le débat central de notre révolution, a-t-elle déclarait lors d’une interview donné à Afrik.com à l’occasion de la projection de son film au festival de Cannes. « C’est l’un des premiers sujets débattus (depuis) la chute de Ben Ali. Dans notre constitution, l’article premier précise que l’Islam est notre religion. Or il existe une véritable hypocrisie sociale. Il faut défendre la liberté de penser et donc d’être aussi des « laïcards » comme nous appellent les islamistes. Maintenant que nous nous apprêtons à élire notre assemblée constituante en juillet prochain, il y a deux projets de société possibles : un retour en arrière ou un départ vers la modernité. Et cette modernité passe par la laïcité.» Et donc par un film, le sien. Encore faut-il qu’il puisse être projeté en Tunisie. Sa première diffusion, le 24 avril à Tunis, en clôture d’un festival de documentaires, s’était déroulée sans heurts. Depuis la situation s’est détériorée. Lors d’une autre projection, le 26 juin, une centaine de manifestants violents ont investi le cinéma Africart à Tunis où le film était projeté et l’ont saccagé.
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