Les pays africains de la zone franc et Paris prêts à assurer la convergence monétaire du Franc CFA avec l’Euro. Mais la cohérence de cet arrimage monétaire à la devise européenne s’annonce moins harmonieuse que prévue en raison des réalités économiques fort différentes entre l’Ouest et le Centre de l’Afrique.
Recadrage : tel pourrait être le maître mot de la rencontre de mercredi des pays de la zone franc à Abidjan. Avec leurs interlocuteurs français, les ministres des Finances, Laurent Fabius, et de la Coopération, Charles Josselin, les responsables économiques des Pays africains de la Zone Franc (PAZF) ont évoqué les questions relatives à la convergence du franc CFA avec l’Euro, alors que la monnaie nationale de l’ancienne puissance coloniale est sur le point de disparaître.
La convergence entre la devise européenne et celle des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEOMA) ainsi que celles de la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC) a en effet fait l’objet des trois thèmes de discussion retenus, alors que les économies des nations PAZF marquent un net ralentissement. La croissance dans les huit pays de l’UEOMA, en baisse depuis 1997, n’a pas su profiter de la reprise mondiale en 2000, plafonnant à 1% seulement.
Le facteur dollar
Si la convergence entre le Franc CFA et l’Euro ne devrait pas poser de problème majeur, car, de facto, la devise africaine y est arrimée via le Franc français, l’opération s’annonce plus délicate s’agissant d’un développement harmonieux entre l’EUOMA et la CEMAC. Ou plutôt s’agissant d’une politique monétaire concertée entre les deux banques centrales de ces zones, la Banque Centrale des Pays d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la Banque Centrale des Pays d’Afrique Centrale (BEAC).
Explication : l’Afrique centrale qui produit du pétrole et du gaz, payables en dollars, voit sa compétitivité assurée, paradoxalement, par l’abondance du billet vert, surévalué par rapport à l’Euro. Par contre, les nations de l’Ouest, dont les économies sont tributaires des matières premières aux cours volatils (cacao, café, coton, bois) s’avèrent plus vulnérables face à la concurrences des pays dévaluant leur monnaie.
Enfin, le sommet des pays de la zone-franc consacre le retour du poids lourd de l’économie ouest-africaine, la Côte d’ivoire, dans le jeu continental. Outre le fait que cette rencontre se déroule à Abidjan, la signature de quatre conventions de coopération entre la France et la Côte d’Ivoire pour un montant de 7, 7 millions d’euros, annonce la fin d’une mise à l’index entamée avec le coup d’Etat du général Gueï en 1999. Après le demi-échec de la tournée européenne du ministre de l’économie Affi Nguessan en février dernier, le ministre français de la Coopération, Charles Josselin, s’était déclaré, fin mars, » pleinement disposé » à reprendre sa collaboration avec Abidjan, dont le poids économique équivaut à 40% des richesses produites par l’UEOMA.
Entre temps, il y a eu des élections municipales libres et démocratiques. Un événement éminemment politique. Certes. Mais aux conséquences économiques incalculables pour la Côte d’Ivoire et toute la sous-région. Cela aussi méritait un recadrage entre Paris et ses partenaires africains. Voilà qui est fait.