L’exposition « L’Art d’être un homme », présentée à Paris au musée Dapper, tente de présenter la synthèse des signes extérieurs de masculinité, dans les cultures traditionnelles africaines et océaniennes. La richesse des matériaux, des objets et des significations est transposée dans l’espace du musée, mais au prix d’une présentation exigeante pour le spectateur.
Au royaume des sapeurs
Agrégée à l’exposition principale, une seconde, d’un genre photographique, est consacrée à « L’Univers de la Sape ». Présents surtout au Congo et en RDC, les sapeurs ont pour particularité de détourner les codes occidentaux de l’habillement pour un raffinement exhibitoire. Héctor Mediavilla et Baudouin Mouanda rendent hommage à ce mouvement popularisé, entre autres, par Papa Wemba et Koffi Olomidé. Même si le lien avec l’exposition principal est relativement ténu, chacun pourra apprécier cette série de photographies. Le sapeur est mis en situation, chez Mediavilla, dans son environnement vétuste, qui contraste avec les couleurs et la classe de son habillement. Mouanda s’attache quant à lui au détail qui marque, dans l’habillage ou dans l’expression. Et l’ensemble offre au visiteur un passeport pour le royaume de la frime. |
La masculinité est affaire de symbole. C’est du moins le postulat qui sert de base à l’exposition « L’Art d’être un homme », présentée à Paris au musée Dapper jusqu’au 11 juillet 2010. Rassemblant plus de 150 œuvres issues des cultures d’Afrique et d’Océanie, elle tente de présenter une synthèse des caractéristiques des divers attributs de la virilité, dans les cultures traditionnelles. Une tâche à la difficulté accentuée par les différences entre les deux continents.
Diversité des matériaux
La diversité des objets présentés témoigne de la richesse des signes distinctifs, dans la large zone géographique couverte. Tous les matériaux disponibles dans l’environnement proche sont utilisés. La pierre, les fibres ou le bois facilement accessibles sont bien sûr utilisés. Mais les trophées de chasse sont également nombreux, avec la récupération de la peau, des griffes ou des dents des animaux tués. Pièce majeure de l’exposition, une coiffure bembée (Congo) est constituée par la peau de la partie supérieure du crâne d’un léopard. Dans un certain nombre de croyances, la pratique du totem est d’ailleurs essentielle, et vise à s’approprier les vertus d’un animal, protecteur du groupe.
Complexité des objets
La complexité des objets varie selon les cultures. On passe facilement d’une pièce surchargée de décoration à une autre d’un strict minimalisme. Une stricte codification existe souvent afin de signifier au regard des autres la réalisation de rites de passage et l’accession à un stade supérieur d’initiation. Ces significations sociales sont portées par un habillage esthétique, qui vise à magnifier la virilité et à mettre en valeur le corps de l’homme. Un corset de perles dinka (Soudan), exposé au musée, exprime cette recherche en soulignant tant la taille que la musculature et le galbe du fessier.
Quelque peu déroutante par la large diversité des œuvres présentées, l’exposition n’en est pas moins enrichissante. Elle ne peut par contre se visiter sans lire avec attention les notices associées aux œuvres, sous peine de ne pas en comprendre la portée.
Musée Dapper
35 bis, rue Paul Valéry
75116 Paris
Du 15 octobre 2009 au 11 juillet 2010
Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 11h à 19h
Tarif plein : 6€
Tarif réduit : 4€ pour les seniors, les familles nombreuses, les enseignants et les demandeurs d’emploi
Gratuit le dernier mercredi du mois et tous les jours pour les moins de 26 ans et les étudiants
Crédits photos : Héctor Mediavilla/Pandora/Picturetank ;Jean-Marc Vandyck/MRAC Tervuren ; Mauro Magliani