Une attaque violente a coûté la vie à quatre militaires nigériens dans l’ouest du pays, alors qu’un détachement de l’armée était en mission dans la région de Tillabéri. Cette attaque s’inscrit dans une série d’agressions répétées qui frappent le Niger depuis le coup d’État de juillet 2023. L’attaque, menée par des assaillants à moto, a eu lieu dans le cadre de l’opération Almahaw, une initiative temporaire déployée par les Forces armées nigériennes (FAN) pour sécuriser certaines zones sensibles. Malgré l’intensité de l’attaque, l’armée nigérienne a pu repousser les assaillants après une confrontation violente.
Dans son communiqué, l’armée nigérienne a indiqué avoir neutralisé au moins 29 membres de groupes terroristes, tout en regrettant la perte de ses quatre soldats. Cette embuscade intervient dans une région stratégique du pays, la zone de Tillabéri, qui est particulièrement vulnérable en raison de sa proximité avec les frontières du Burkina Faso et du Mali, deux pays eux-mêmes en proie à des violences djihadistes. Depuis plusieurs années, la zone des trois frontières, où se rencontrent ces trois pays, est devenue un foyer d’activités terroristes et de groupes armés non identifiés, qui attaquent régulièrement les forces de sécurité et les civils.
Des attaques récurrentes contre les forces armées
Cette nouvelle attaque s’ajoute à une série de violences dans la région ouest du Niger. Depuis le début du mois de décembre 2024, les attaques se sont intensifiées, avec un nombre croissant de victimes. Le 5 décembre, au moins 21 civils ont été tués dans l’attaque d’un camion de transport public reliant les localités de Bankilaré et Téra. Moins de cinq jours plus tard, un détachement militaire a été pris pour cible à Petelkoli, un village situé non loin de la frontière malienne. L’attaque a fait 10 soldats tués, 7 blessés et permis la neutralisation de 26 assaillants. Le 12 décembre, deux villages du département de Téra ont été attaqués, faisant au moins 39 morts parmi les civils.
Ces incidents révèlent une dégradation accélérée de la sécurité dans la région de Tillabéri, qui subit régulièrement des attaques imputées à des groupes terroristes opérant dans la « zone des trois frontières ». Depuis 2017, ces régions sont régulièrement ciblées par des factions djihadistes, qui profitent de la situation géopolitique complexe de l’espace sahélien pour mener des attaques contre les autorités locales et les populations civiles. La violence croissante a exacerbé la crise humanitaire, avec des milliers de personnes déplacées à cause des conflits armés.
Relations tendues entre le Niger et ses voisins
L’attaque de décembre est d’autant plus significative qu’elle survient dans un contexte de tensions politiques internes au Niger. Depuis le putsch de juillet 2023, le pays est plongé dans une grave crise politique, marquée par le renversement du Président Mohamed Bazoum et l’instauration d’un gouvernement militaire. Depuis ce coup d’État, les relations entre le Niger et plusieurs pays voisins, notamment le Nigeria et les membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), se sont considérablement dégradées. Le soutien de la CEDEAO à un retour à l’ordre constitutionnel, y compris par une intervention militaire, a intensifié les tensions dans la région.
Le gouvernement militaire du Niger a accusé à plusieurs reprises certains de ses voisins, notamment le Nigeria, de soutenir des actions visant à déstabiliser le pays. Ces accusations ont renforcé la défiance entre le Niger et ses partenaires régionaux, tandis que les groupes terroristes continuent de profiter de la situation pour intensifier leurs attaques. En conséquence, les autorités nigériennes ont redoublé leurs efforts pour sécuriser la région de Tillabéri, mais l’instabilité persistante rend les opérations militaires extrêmement difficiles.
Une situation marquée par une escalade des violences
La situation au Niger s’inscrit dans un contexte régional plus large de turbulences en Afrique de l’Ouest, où la montée en puissance des groupes djihadistes a exacerbé les conflits interétatiques. L’instabilité au Niger a des répercussions sur la sécurité de l’ensemble de la région, notamment en raison des flux transfrontaliers de combattants et de matériels militaires. Dans ce contexte, des initiatives comme l’Alliance des États du Sahel, récemment formée pour renforcer la coopération entre les pays du Sahel, cherchent à coordonner les efforts pour contrer les menaces djihadistes. Cependant, la multiplication des attaques et l’intensification des tensions entre les États sahéliens rendent cette tâche de plus en plus complexe.
La situation au Niger est marquée par une escalade des violences, notamment dans les régions frontalières avec le Mali et le Burkina Faso. Le pays fait face à des attaques récurrentes contre ses forces armées, ce qui reflète une aggravation de la crise sécuritaire depuis le coup d’État de 2023. Dans ce climat de violence et de méfiance, la sécurité au Niger et dans la région du Sahel demeure incertaine, et les efforts pour restaurer la paix semblent plus compliqués que jamais.